Entre Benallou au cachot et Alioua il n’y a qu’un pas à franchir

Les rumeurs persistantes qui courent ces derniers jours, laissent entendre qu’entre l’ancien DG de l’Office national des Aéroports (ONDA), Abdelhanine Benallou, actuellement au cachot et l’ex-PDG du Crédit Hôtelier et Immobilier (CIH), Khalid Alioua, encore en état de liberté, il n’y a qu’un pas à franchir. Les deux mis en cause sont tous deux issus des rangs du parti socialiste « USFP ». Le nouveau titulaire du département de la justice, l’islamiste Mustapha Ramid, semble apparemment bien résolu à remuer les nombreux vieux dossiers de détournement des deniers publics pour au moins renflouer les caisses de l’état qui sont à moitié vide. L’enquête judiciaire ouverte déjà en 2009 sur la base d’un rapport de la Cour des Comptes, met en cause une cinquantaine d’anciens et actuels cadres du CIH, dont son ex-PDG, Khalid Alioua, un socialiste au parcours brillant (PDG de banque, ministre de l’Emploi sous le gouvernement El Youssoufi, ministre de l’Enseignement supérieur, porte-parole de l’Exécutif). A présent, son sort est entre les mains de la justice qui doit décider de le mettre en examen ou de l’innocenter. Tout dépend des conclusions de l’enquête que mène la brigade judiciaire (BNPJ) qui a dû faire appel à des pièces justificatives pour complément d’enquête.
Dans son rapport établi il y’a environ 2 ans, sur une soixantaine d’institutions, la Cour des Comptes y consacre une quarantaine de pages au seul dossier du CIH. Dans ce rapport, elle reproche à Alioua, du temps qu’il était PDG entre 2004 et 2009, d’avoir fait cavalier seul envers et contre les instances de la Banque, dont son Conseil d’administration. Elle relève au passage, des «dysfonctionnements dans la gestion de la banque et les dépenses liées aux unités hôtelières, l’octroi d’avantages illégaux au profit de l’ancien PDG, de certains de ses collaborateurs et de ses proches…». Sans oublier «les deux appartements de 288 et 211 m² acquis au boulevard Rachidi à Casablanca, par l’ancien PDG de la banque à des conditions préférentielles, les œuvres d’art volatilisées, les 4 millions de DH d’honoraires versés à un seul cabinet d’avocats» et la liste est longue.
Pour sauver sa peau, Alioua aurait menacé, selon un quotidien de la place, de divulguer de grands dossiers, des propos que son avocat Me Saba, n’a pas tardé à démentir. D’aucuns crient au complot contre le Parti à la Rose, mais les observateurs s’accordent à dire qu’on est loin de la chasse aux sorcières dans les rangs de l’opposition socialiste, puisque les enquêtes judiciaires sur les dossiers Benallou et Alioua avaient été ordonnées bien avant l’arrivée du PJD au gouvernement et de son avocat Ramid à la tête du ministère de la justice. En attendant les résultats de l’enquête en cours, les juges sont néanmoins tenus par le respect de la présomption d’innocence, jusqu’à ce que la culpabilité des mis en cause soit prouvée.