Faisant la sourde oreille aux manifestations des Algériens demandant son départ et celui du « système », le président Bouteflika a tenté de forcer le destin, lundi, en appelant encore au dialogue sans toutefois convaincre, les partis d’opposition et les syndicats ayant refusé de s’asseoir à la table des discussions sur fond de mobilisation constante de la rue.
D’ailleurs, au lendemain de la lettre du président dans laquelle il affirmait lundi rester au pouvoir après l’expiration de son mandat, des dirigeants politiques et des opposants ont exigé son départ à la fin de la période légale du 28 avril.
La réaction de l’opposant Ali Benflis est éloquente à cet égard: Aux yeux du peuple algérien, la lettre du 18 mars « va au-delà des limites de la provocation et du défi », écrit l’ancien candidat à la présidentielle dans un communiqué.
Dans sa lettre de lundi, le président Bouteflika a présenté la «Conférence nationale» comme le remède absolu aux maux de l’Algérie. Ceci, au moment où la rue algérienne gronde encore dans le sillage des gigantesques manifestations qui ont vu défiler des centaines de milliers de personnes pendant les quatre derniers vendredis.
Le président a martelé dans sa lettre que « cette voie contribuera, inéluctablement, à faire sortir l’Algérie de sa dépendance aux hydrocarbures et aux fluctuations des cours du pétrole sur les marchés internationaux».
Il n’a pas oublié cependant d’assaisonner le tout d’une mise en garde au peuple contre les « dangers extérieurs ». Le chef d’état-major de l’armée, le général Ahmed Gaïd Salah a renchéri, dans une lettre concomitante, que ce même peuple « dispose des aptitudes nécessaires pour éviter à son pays toute conjoncture pouvant être exploitée par des parties étrangères hostiles ».
Ancien diplomate algérien, Lakhdar Brahimi, s’est mis de la partie, appelant lui aussi les Algériens au « dialogue » et agitant comme un repoussoir l’exemple de l’Irak et de la Syrie.