La France est plongée dans une crise économique structurelle avec des tensions sociales grandissantes tente de se rattraper dans l’offshore.
Selon des données officielles, l’offshore représentait en 2010, plus de 60.000 salariés, contre 10 000 en 2004. Parmi eux, 30 000 salariés travaillent à partir du Maroc, 12 000 de la Tunisie et le reste étant réparti entre le Sénégal et l’île Maurice.
Après l’échec des deux tentatives en 2004 et en 2010, sous les gouvernements de droite de faire relocaliser ces centres d’appels, le nouveau gouvernement socialiste s’apprête à tenter lui aussi sa chance. C’est le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg qui prend le dossier en main.
Ce dernier accompagné de la ministre délégué au Numérique, Fleur Pellerin, est entré récemment en contact avec les syndicats et tous les opérateurs de télécommunications (Orange France Telecom, Bouygues Telecom, Videndi-SFR, Iliad). L’objectif est d’abord d’empêcher des vagues de plans sociaux ou d’externalisations au sein d’une industrie mise à mal par l’arrivée d’un quatrième opérateur et de ses prix cassés. Il s’agissait aussi pour les deux ministres de convaincre les dirigeants de ces opérateurs, avec l’appui des syndicats majoritairement opposés à la délocalisation, de rapatrier les centres d’appels afin de simuler l’emploi qui se fait de plus en plus rare dans l’Hexagone.
A présent, il s’agit de savoir, selon Fleur Pellerin, comment le gouvernement peut-il procéder à cette opération chirurgicale très délicate sans laisser de cicatrices profonde dans les pays d’accueil, le Maroc, la Tunisie et les autres, où la France a des intérêts politiques et économiques stratégiques.
« On n’en est pas encore au stade des pressions, le gouvernement veut juste savoir comment faire pour que nous rapatrions nos centres d’appels », un opérateur à un quotidien français.
Les opérateurs ont néanmoins, leur propre vision des choses. Ils pensent plus au coût du service et à leur marge bénéficiaire. Aux deux dernières tentatives, ils avaient refusé d’obtempérer aux consignes du gouvernement, en raison justement, du coût élevé de la main d’œuvre française, en comparaison avec celui qu’offre le marché marocain ou tunisien. Dans ces deux pays maghrébins, l’heure d’exploitation coûte 14 euros, contre le double (30 euros) dans un centre d’appel en France. En plus, les centres implantés au sud de la Méditerranée peuvent offrir à leurs clients un service permanent de sept jours sur sept et 24 heures sur 24, ce qui est pratiquement impossible en France.
De son côté, le gouvernement socialiste fraîchement nommé, envisagerait d’introduire des critères sociaux dans le cahier des charges des licences que l’Etat attribue aux opérateurs pour exploiter les fréquences, afin de recréer de l’emploi dans les centres d’appels français. Toute la question est de savoir comment le Maroc va-t-il réagir au cas où ces centres d’appel venaient à être transférés en France ?