Le linge sale de l’OCE, étalé au grand jour devant le parlement

Les grands dossiers de la corruption et de la déprédation des deniers publics font ces derniers temps, la «Une» de l’actualité nationale. La commission d’enquête parlementaire sur l’affaire de l’OCE, présidée par Hakim Benchammas, chef du groupe parlementaire du Pam, est finalement parvenue à étaler le linge sale de l’office, ce lundi en plénière devant la Chambre des conseillers malgré une farouche opposition des parlementaires du parti de l’Istiqlal, membre de la coalition gouvernementale. Dans son rapport de 82 pages, la commission d’enquête est allée droit au but. Ce qui a enragé les Istiqlaliens c’est que le rapport accablant met à l’indexe parmi les «clients douteux» de l’Office, le père et le frère de l’actuel ministre istiqlalien de l’artisanat, Abdessamad Qayouh. Le président du groupe parlementaire du PI, Mohamed Al Ansari a fustigé le rapport, affirmant que la commission d’enquête est illégale tant que l’affaire a été déjà soumise à la justice. Il lui reproche d’avoir omis d’auditionner plusieurs personnalités du Pam et du RNI tel l’ancien directeur général de l’OCE, le RNIste Abdelaziz Filahi, nommé en 2003 à ce poste par Salaheddine Mezouar, alors ministre du commerce et de l’artisanat.
En relavant les dysfonctionnements et anomalies financières de l’Office de la commercialisation et d’exportation, durant ses quarante ans d’existence, le rapport pointe aussi du doigt des membres de son Conseil d’administration. Ces derniers sont soupçonnés avoir exploité leur statut pour bénéficier des services de l’Office ou d’avoir autorisé la vente, sans passer par les enchères, d’immeubles propriété de l’OCE. Des transactions immobilières « douteuses » ont été passées au Maroc et à l’étranger, selon la Commission, à des prix jugés inférieurs à celui du marché, occasionnant de lourdes pertes à l’Office estimées à plusieurs dizaines de milliards de DH. Le rapport cite à titre d’exemple la cession de deux villas à Casablanca l’une vendue à un directeur administratif et financier de l’OCE pour la modique somme de 400.000 DH et l’autre cédée à 1 million de DH, alors qu’elle est située dans une zone de R+5, infligeant à l’Office une perte sèche de plus de 10 millions de DH.
Vu l’ampleur des irrégularités, des dysfonctionnements et des nombreux actes de dilapidation ayant contribué à la détérioration de la situation financière et administrative de l’Office, les membres de la commission d’enquête insistent à présent pour que le relais passe à la justice. Pour la Commission, des poursuites judiciaires devraient être engagées « à l’encontre de toutes les personnes ayant profité des avances et des privilèges accordés par l’OCE, en dehors de la loi». S’il y a procès, il risque d’éclabousser d’autres personnalités de grosse pointure. En attendant, il faut s’armer de patience pour voir l’épilogue de ce nouveau feuilleton du monde la déprédation qui relève de l’ancienne époque.