Pour sa première rentrée scolaire, le ministre El Ouafa a tenu à ne pas passer inaperçu. Coup sur coup, il a décrété un réaménagement des horaires scolaires, le maintien des prix des manuels à leur niveau et le resserrement des contrôles devant les établissements contre le harcèlement et les dealers. Voilà pour les bonnes nouvelles. Pour la controverse, l’interdiction des enseignants du public d’effectuer des heures supplémentaires dans les écoles privées, a provoqué un tollé dans le milieu.
Attendu sur l’ébauche d’une indispensable réforme, le ministre de l’éducation nationale ne fait peut-être que provoquer une polémique inutile. A première vue, la suspension des heures supplémentaires dans le privé peut paraître salutaire. Elle obligera l’enseignant à se consacrer entièrement à sa mission éducative dans l’école publique. Le faible rendement et les sur-effectifs dans de nombreuses écoles, dont les classes comptent jusqu’à 50 élèves, exigent une attention redoublée de la part des enseignants. D’un autre côté, la décision ministérielle forcera les établissements privés à recruter du personnel enseignant ailleurs. Bien sûr, cela passe par un effort conséquent que doivent supporter les établissements privés pour former leurs propres cadres. Un tel choix permettra à terme de disposer d’un meilleur encadrement pédagogique dans le privé, tout en contribuant à diminuer les cohortes de diplômés au chômage. Mais, parce qu’il y a un mais, les choses ne sont pas si simples. Aussitôt après l’annonce de la décision du ministre, les professionnels de l’enseignement privé se sont cabrés et ont menacé même d’une année blanche dans le primaire et le secondaire privé. Leur argument est dramatiquement imparable : les deux tiers de l’effectif enseignant dans le privé vient du … public. Si la décision était appliquée immédiatement et en l’état, les écoles privées se retrouveraient sans profs. Les syndicats d’enseignants ne sont pas en reste. Beaucoup reconnaissent que l’autorisation de 2008 permettait à de nombreux « Moualim » d’arrondir les fins de mois difficiles. Ce qui n’est pas forcément une mauvaise chose. L’enseignement privé soulage en effet les classes publiques de dizaines de milliers d’écoliers, dont les familles se ruinent pour leur assurer une supposée meilleure éducation.
En tout cas, vu les problèmes sans fin dans lesquels est embourbé l’enseignement dans ses deux volets, public et privé, de nombreux professionnels voient dans la décision du ministre El Ouafa une sorte de cataplasme sur une jambe de bois.