Lachgar pourra-t-il sortir l’USFP de l’ornière ?

Lachgar pourra-t-il sortir l’USFP de l’ornièreL’élection haut la main de Driss Lachgar à la tête de l’USFP sonne peut être la fin d’une époque. Une époque où le poste du premier secrétaire du parti était le fait non pas d’un choix électoral, mais revenait « de droit » à une figure historique, légitimée par son passé militant. Pourtant, beaucoup doutent que l’élection de Lachgar soit annonciatrice d’une proche guérison du parti de la rose.

Aujourd’hui, une page est irrémédiablement tournée avec la sortie par la petite porte du candidat malheureux Fathallah Oulalou, qui plus est un compagnon du fondateur Abderrahim Bouabid. Dans ce sens, l’élection de Driss Lachgar traduit visiblement le souci des Ittihadis d’opérer une métamorphose de nature à placer le parti dans le tempo politique marocain. Dans l’appareil du parti, Lachgar est connu pour être une « bête politique ». C’est aussi un redoutable homme de réseaux au machiavélisme aiguisé. Et il ne dédaigne pas tourner casaque quand il sent le vent tourner. Comme lorsqu’il fait miroiter la possibilité d’un rapprochement avec les islamistes du PJD, avant d’opérer un total revirement et de se tourner vers le PAM, qu’il disait exécrer auparavant. A présent que Driss Lachgar a hérité de la présidence de la formation ittihadie, de nombreuses voix s’élèvent, y compris dans les rangs de la gauche, contre ce « bulldozer politique ». Les adversaires de Driss Lachgar n’hésitent pas à décocher leurs flèches contre un vieux routier de la gauche marocaine, qu’ils accusent de verser dans le populisme ambiant. Des critiques à mettre en parallèle avec la tournure ordinaire prise par le congrès-événement du week-end. De plateforme ouvrant la voie à une renaissance du parti sur la base du projet démocratique et moderniste tant rêvé par les ittihadis, le congrès de l’USFP s’est finalement limité à n’être qu’une rencontre électorale aux objectifs prosaïquement courtermistes.

En tout cas, il y a au moins un dirigeant parmi les partis de la majorité dont l’élection de Driss Lachgar n’est pas pour lui déplaire. Car Hamid Chabat, le sémillant chef du parti de l’Istiqlal, n’avait pas caché sa préférence pour Driss Lachgar comme partenaire à la tête du parti de la rose.