La réunion ce vendredi des quatre composantes de la majorité sera-t-elle à la hauteur des attentes ? Après les engueulades et la confusion des derniers mois, la rencontre tant attendue réussira-t-elle à calmer le retentissant Hamid Chabat ? Beaucoup espèrent au moins qu’elle remettra de l’ordre dans la maison gouvernementale.
Car depuis son élection à la tête du parti de l’Istiqlal en septembre dernier, Hamid Chabat a maintenu un pressing infernal sur le chef du gouvernement pour l’obliger à opérer un remaniement ministériel. A l’évidence, le secrétaire général du parti de la balance n’est pas monté au front pour rien. Il voudrait bien récupérer quelques gros départements comme les Finances et l’Education, et faire d’une pierre deux coups. La manœuvre consisterait à retirer ces ministères stratégiques des mains d’Istiqlaliens qui ne sont pas dans ses bonnes grâces pour les confier à des proches. D’autre part, Hamid Chabat compte capitaliser sur cet acquis pour recadrer les rapports à l’intérieur de la coalition. Une reconfiguration de nature à faire apparaître l’Istiqlal comme un partenaire à part égale avec les islamistes du PJD et non comme la cinquième roue de la charrette gouvernementale. Pour lui, dans l’attente des prochaines élections communales, il n’est pas inutile de rappeler que l’Istiqlal est la deuxième force au Parlement. De l’autre côté, il faut reconnaître au chef du gouvernement Abdelilah Benkirane sa capacité à encaisser les coups. Depuis des mois, il fait languir son tonitruant partenaire, évitant soigneusement de lui répondre à chaud pour ne pas attiser le feu nourri par le chef de l’Istiqlal. Pourtant, en faisant le choix de regarder momentanément ailleurs, Benkirane n’en est pas moins conscient de la capacité de nuisance de son embarrassant allié dans la majorité.
Vu l’impact de la crise et la nécessité de trancher sur des dossiers d’urgence comme la caisse de Compensation et les caisses de retraite, le chef du gouvernement est obligé de faire quelques concessions à son partenaire, histoire de calmer ses ardeurs en attendant des jours meilleurs. Nabil Benabdellah, chef du PPS et partenaire de la majorité qui a joué les bons offices pour rapprocher Benkirane et Chabat, a parlé de l’éventualité « d’autres réunions, voire la création de commissions restreintes dédiées à différents thèmes ». Mais de nombreux observateurs doutent que cela soit suffisant pour recoller les morceaux d’une coalition chancelante.