L’impact de la décision du gouvernement de sabrer d’un quart le montant du budget d’investissement a provoqué une réaction telle que Abdelilah Benkirane se voit attaquer de toutes parts. Surtout par ses propres alliés politiques. Une situation qui pousse le parti islamiste à menacer de rompre la coalition, 15 mois après la constitution du gouvernement.
Sous l’effet de la crise, ce sont 15 milliards DH qui sont passés à la trappe. Le chef du gouvernement et ses principaux collaborateurs assurent que cette option douloureuse était inévitable face à des déficits publics devenus inquiétants. Dans le milieu des affaires, et particulièrement chez les entreprises qui attendent les commandes de l’Etat pour travailler, l’incompréhension fait place à la panique. Le CMC qualifie, de son côté, ces coupes de « fausse piste pour le redressement des déficits publics ». En lieu et place, le Centre Marocain de Conjoncture propose un relèvement de la TVA sur les produits de luxe. Dans les rangs de l’opposition, l’USFP dénonce « l’absence d’une vision économique, sociale et politique du gouvernement ». Son Bureau politique estime que la décision représente de surcroît une « violation flagrante de la Constitution et une marginalisation de l’institution législative à laquelle doit être soumise toute modification dans le budget public ».
Mais si de telles critiques sont, somme toute, compréhensibles venant de l’opposition, elles sont en revanche franchement déroutantes lorsqu’elles proviennent des propres rangs de la majorité. Car, les autres composantes de la coalition ont tôt fait de prendre leurs distances avec la démarche, comme si cette décision controversée avait été prise dans leur dos. Cette attitude inexplicable rajoute à la confusion qui règne entre les quatre composantes de la majorité, et dont le chef de file de l’Istiqlal Hamid Chabat est le principal animateur. Manifestement, la surenchère verbale entre les islamistes du PJD et l’Istiqlal est alimentée par des visées banalement électoralistes. Le verbiage se transforme graduellement en escalade populiste, puis en menaces de saborder une expérience gouvernementale laborieusement acquise. Dans les temps de crise et d’incertitude, certaines décisions irréfléchies reviennent souvent à se tirer une balle dans le pied.