Le bras de fer entre Mustapha Ramid et le Club des magistrats risque d’être néfaste pour la réforme du système judiciaire. La violence des mots échangés de part et d’autre révèle une tension manifeste, dont les réformes tant attendues dans ce secteur en ressentiront les répercussions.
Les attaques et contre-attaques dans la presse entre le ministre de la Justice et une partie des magistrats est l’aboutissement d’un long malaise. Et ce ne sont pas les menaces de Ramid contre les magistrats, qui s’apprêtent à organiser un sit-in samedi, qui changeront les choses. Le ministre a essayé de faire monter les enchères en leur interdisant de marcher habillés de la robe noire officielle. Plus conciliant, il a proposé que les magistrats frondeurs demandent l’arbitrage royal s’ils s’estiment lésés par le projet de réforme. Mais, il est vraisemblablement difficile de faire changer d’avis les affiliés du Club, qui se sont déjà distingués par leur refus de prendre part aux débats sur la réforme.
Au cours des deux dernières années, plusieurs corps de métiers ont manifesté leur rejet des réformes programmées par le gouvernement dans divers secteurs. De nombreux médecins, pharmaciens, enseignants, professionnels du transport, etc. se sont sentis touchés dans leurs intérêts. Habitués à certains privilèges, voire à des situations de rente, de nombreux professionnels se cabrent à l’idée de se soumettre aux nouvelles règles de sincérité et de transparence portées par les réformes. Espérons que les magistrats n’en font pas partie.