Le Chef du gouvernement devra s’attendre à des jours difficiles sur le front social. Après les syndicats qui ont remis la pression par leur cahier revendicatif, c’est au tour des transporteurs de marchandises d’afficher leur détermination à augmenter les tarifs.
Une augmentation somme toute prévisible, même si le gouvernement essaye, contre toute logique économique, de nier qu’elle soit inévitable. Les transporteurs, eux, argumentent que cette hausse est destinée uniquement à répercuter l’augmentation du prix du gasoil, consécutive à l’indexation sur les cours du baril à l’international. Indexation pour indexation, la Fédération du transport relevant de la CGEM (FT-CGEM) a décidé elle aussi d’aligner ses tarifs sur les variations du prix du gasoil. Certains professionnels auraient même anticipé les directives de leur fédération et appliqué de nouveaux tarifs. Les incessantes fluctuations des prix des produits de large consommation, particulièrement les fruits et légumes, ne seraient pas étrangères à ces initiatives unilatérales, voire individuelles. Car, si une telle hausse est difficilement applicable au transport de voyageurs, elle a par contre aisément cours dans le transport de marchandises.
Comme dans le récent bras de fer avec l’organisation syndicale des boulangers, le gouvernement évite l’escalade, sans toutefois se départir d’une intonation de fermeté. S’il déclare rejeter le fait accompli, l’exécutif fait prévaloir sa volonté de dialogue. Mais là encore, le gouvernement Benkirane est victime de la légèreté de ses propres promesses, et c’est loin d’être une exception. En effet, jusqu’à présent, les professionnels du transport n’ont pas vu la moindre trace des mesures d’accompagnement promises par l’exécutif pour atténuer l’impact de la hausse de prix du carburant. Mais le maillon faible dans cette histoire, c’est le consommateur final, obligé de payer la facture d’une dérisoire épreuve de force.