L’exercice d’autosatisfaction auquel s’est livré le Chef du gouvernement mardi soir devant les parlementaires, ne doit pas faire oublier l’essentiel: les réformes traînent et le parti de Benkirane est entré dès à présent en campagne électorale.
L’argument du contexte politique et économique, au niveau national aussi bien qu’international, avancé par le chef de l’exécutif ne convainc qu’à moitié. En tout cas, il ne justifie pas le retard des réformes promises. Car, à part la réduction des dépenses de la Caisse de compensation et la baisse des prix des médicaments, de quel autre bilan le gouvernement Benkirane est-il en mesure de se prévaloir aujourd’hui ? Où sont les grandes promesses d’une croissance soutenue, de la baisse substantielle du chômage, de la lutte énergique contre la corruption, etc.? Le leitmotiv de Benkirane qui met la stabilité dans une main et les réformes dans l’autre, prend même les allures de chantage politique comme si le Maroc était un banal pays failli.
En revanche, après deux ans et demi au pouvoir, force est de constater que le cabinet Benkirane n’a fait que hisser la polémique stérile au rang d’exercice politique national. Jamais auparavant des membres du gouvernement ou du parti à la tête de la majorité ne s’étaient adonné à ce point aux disputes vulgaires et insignifiantes avec leurs adversaires politiques. C’est peut être cette débauche de joutes entre les partis et les dirigeants politiques, majorité et opposition compris, que le citoyen retient et qui donne une piètre image de la politique et des politiciens. Alors quand le Chef du gouvernement déclare que son bilan à mi-mandat est « positif, honorable et rassurant », il faut croire que les élections ne sont pas loin.