Club des magistrats : les dessous de la rebuffade

Le Club des magistrats du Maroc semble opter pour l’escalade dans le bras de fer qui l’oppose au ministère de la Justice et des Libertés et au Conseil supérieur de la magistrature (CSM). Les dernières mesures disciplinaires prises par le Conseil au début du mois d’août dernier à l’endroit de 14 magistrats ont ravivé les tensions entre les deux camps.

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Le bureau exécutif du club des magistrats a d’ailleurs tenu une réunion samedi, consacrée essentiellement aux décisions du CSM qui auraient lésé plus d’un magistrat. Les débats ont également porté sur les démissions déposées par plusieurs magistrats en guise de protestation contre les mesures disciplinaires du Conseil.

Pour rappel, 14 juges ont été sanctionnés pour faute professionnelle, deux autres dont le magistrat Mohamed Anbar, vice-président du Club des magistrats, ont été radiés à vie pour « faute professionnelle très grave » et un autre a été mis à la retraite pour son implication dans des affaires de corruption. Cinq autres magistrats ont été suspendus provisoirement pour faute professionnelle.

Le Club des magistrats a saisi l’occasion pour demander au ministre de la justice d’ouvrir une enquête pour vérifier la véracité des accusations portées par des avocats et des journalistes, contre certains magistrats, les accusant d’être impliqués dans des affaires de corruption ou recevant par téléphone des instructions pour émettre leurs jugements.

Par ailleurs, le Club des magistrats se montre très critique au sujet des propositions de réforme du système judiciaire présentées par le ministre de la Justice, Mustapha Ramid.

Malgré ces critiques, ce dernier semble déterminé à mener jusqu’au bout son ambitieux projet de réforme. Il l’a d’ailleurs réaffirmé tout récemment, à l’occasion de la 10ème rencontre de la Jeunesse islamiste (PJD). Le ministre s’est particulièrement engagé à ce que tous les projets de lois relatifs au pouvoir judiciaire et prévus dans la Constitution soient prêts en 2015, notamment les deux projets de loi organique relatifs au Conseil supérieur du pouvoir judiciaire et au statut des magistrats.

Il a de même promis de s’attaquer à l’enrichissement illicite des magistrats, qui en cas de soupçons, feront l’objet d’une enquête et pourraient être poursuivis en justice.

Depuis sa nomination, Mustapha Ramid a procédé à d’importants changements à la tête des directions relevant de son département. Il a déjà démis de leurs fonctions les directeurs de l’équipement, de la législation et celui du budget et du contrôle.

Les mesures disciplinaires du CSM, les mutations dans les hautes fonctions du département de la justice et les autres décisions prévues par Mustapha Ramid, ne sont pas pour plaire aux membres du corps de la magistrature. Reste à savoir si le club des magistrats a les moyens de tenir tête au ministre ou alors va-t-il baisser la garde pour éviter la confrontation ?