Mali : des membres des forces de sécurité russes aperçus à l’aéroport de Gao

Des Casques bleus allemands ont observé lundi dernier la présence de dizaines de membres des forces de sécurité russes à l’aéroport de Gao, dans le nord du Mali, alors que la France annonçait avoir achevé le retrait des derniers soldats français de Barkhane du Mali, dans un contexte de dégradation des relations entre Paris et Bamako. 

Selon un document rédigé par le commandement de la Force de Défense fédérale allemande, daté de mardi, des soldats allemands et britanniques appartenant à la Force de maintien de la paix de l’Organisation des Nations unies ont remarqué la présence de deux avions à l’aéroport de Gao, notamment un L-39 Albatros. 

Le document indique que 20 à 30 personnes déchargeant des équipements d’un avion malien étaient vêtues d’uniformes n’appartenant pas à l’armée malienne et que le L-39, un avion d’entraînement et de combat terrestre livré par la Russie aux Maliens, était vraisemblablement piloté par des soldats russes, les pilotes maliens n’étant pas en mesure de le faire. 

Cette information est révélée alors que le groupe paramilitaire russe Wagner opère déjà dans le nord du Mali. Des militaires de la force Barkhane ayant pour mission de lutter dans le Sahel contre les mouvements djihadistes, ont déjà révélé avoir croisé sur le terrain des mercenaires de ce groupe lors de leurs patrouilles. 

Bamako dément la présence de mercenaires russes et évoque plutôt des « instructeurs » venus de Russie pour soutenir son armée, tandis que la Russie parle d’un contrat « commercial » entre Wagner et le Mali, sans lien avec Moscou. 

La présence des paramilitaires russes perçue d’un mauvais œil par les Occidentaux à plus d’un titre, mettant notamment en doute leur efficacité dans la lutte contre les djihadistes. Avec près d’un millier de mercenaires présents dans le pays, ils seraient moins nombreux, et mal équipés par rapport aux forces européennes, sans une couverture aérienne efficace et sans des drones. Accusés de ne respecter aucune règle, leur brutalité supposée pourrait pousser une partie des populations maliennes dans les bras des djihadistes. 

Les relations entre Bamako et Paris, dont l’armée a perdu 59 militaires en neuf ans de présence au Sahel, n’ont cessé de se détériorer depuis la prise du pouvoir par l’armée malienne, à la suite d’un coup d’Etat en 2020.