Chine : l’ONU évoque de possibles crimes contre l’Humanité dans le Xinjiang

Pour son dernier jour à la tête du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme après un mandat de quatre ans, Michelle Bachelet a publié hier mercredi à Genève peu avant minuit un rapport très attendu sur la région chinoise du Xinjiang. Ce rapport évoque de possibles « crimes contre l’humanité », fait état de « preuves crédibles » de tortures et de violences sexuelles à l’égard de la minorité ouïghoure et appelle la communauté internationale à agir. 

Ce rapport d’un peu moins de cinquante pages apporte le sceau de l’ONU aux accusations portées de longue date contre les autorités chinoises. L’ONU y indique que « l’ampleur de la détention arbitraire et discriminatoire de membres des Ouïghours et d’autres groupes à prédominance musulmane peut constituer des crimes internationaux, en particulier des crimes contre l’humanité ». 

Le Haut-Commissariat indique que « les allégations faisant état de pratiques récurrentes de la torture ou des mauvais traitements, notamment de traitements médicaux forcés et de mauvaises conditions de détention, sont crédibles, tout comme le sont les allégations individuelles de violences sexuelles et fondées sur le genre ». 

L’ONU a appelé la communauté internationale à agir d’urgence face à ces accusations et les ONG comme Human Rights Watch ou encore Amnesty International ont appelé le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU à enquêter sur ces crimes au Xinjiang. Furieuse de la sortie de ce rapport, la Chine dément les accusations de l’ONU. 

Le Xinjiang et d’autres provinces de Chine ont été frappés pendant plusieurs décennies, et notamment de 2009 à 2014, par des attentats attribués à des islamistes ou des séparatistes ouïghours. Et depuis plusieurs années, la région fait ainsi l’objet d’une intense surveillance. 

Des études occidentales, fondées sur des interprétations de documents officiels, des témoignages de victimes présumées et des extrapolations statistiques, accusent Pékin d’avoir interné dans des « camps » au moins un million de personnes, majoritairement ouïghoures, d’effectuer des stérilisations et avortements « « forcés », ou encore d’imposer du « travail forcé ». 

Pékin affirme que les « camps » sont des « centres de formation professionnelle » destinés à éloigner les habitants de l’extrémisme religieux, et qui seraient désormais fermés. En mai dernier, Michelle Bachelet a été la première responsable onusienne des droits de l’Homme à se rendre en Chine depuis 2005, après d’âpres négociations avec Pékin sur les termes de sa visite.