La reprise du dialogue social ne réjouit pas trop les syndicalistes

Le dialogue social entre gouvernement et syndicats devrait reprendre vendredi prochain à Rabat, après une rupture de près de dix mois.

moukharrik-benkiraneLes chefs des 5 principales centrales syndicales se rendront vendredi 13 février au siège de la primature, avec au moins 10 revendications dans la poche, qu’ils comptent défendre devant le chef du gouvernement et son ministre de l’emploi.

Si la reprise du dialogue social suspendu depuis le mois d’avril 2014, est pour les syndicalistes, un gain en soi après les tergiversations et une succession d’ajournements à l’initiative de l’exécutif, les leaders syndicalistes sont déterminés à ne pas repartir les mains vides, au prix de perdre leur crédibilité surtout à l’approche de la Fête du travail, le 1er mai.

Dans leur cahier revendicatif, les cinq syndicats (UMT, CDT, FDT, UGTM et UNMT), réclament principalement une hausse des salaires et la garantie des libertés syndicales, mais leurs chances d’arracher le gros lot, semblent très infimes compte tenu de la conjoncture financière que traverse le pays.

Dans une déclaration à la presse, le ministre de l’Emploi, Abdessalam Seddiki, a déjà annoncé la couleur, en affirmant que « certaines revendications nécessitent un examen juridique et constitutionnel plus approfondi alors que d’autres ont besoin d’un contexte économique plus approprié ».
S’agissant des revendications salariales, le ministre a rappelé la dernière hausse du SMIG décidée en deux étapes en mai 2014, précisant qu’il faudra donc attendre l’amélioration de la situation économique du pays, pour aborder à nouveau cette question.

De son côté le chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane avait abordé le sujet vendredi dernier, devant des lauréats de HEC de Paris, en déplorant que les salaires dans la fonction publique coûtent à l’Etat marocain, quelque 140 milliards de dirhams, soit l’équivalent des trois quarts des recettes étatiques.

Pour l’autre principale revendication syndicale portant sur l’abrogation de l’article 288 du code pénal qui limite le droit de grève, Seddiki a assuré que le projet de loi organique sur le droit de grève est fin prêt, mais a-t-il regretté certaines parties tentent de retarder son adoption.

Vu la sensibilité des thèmes qui seront débattus, y compris la réforme des retraites et la création de syndicats des corps de sécurité qui portent les armes (corps de policiers, de gendarmes de magistrats), le round de vendredi s’annonce d’ores et déjà, tumultueux et risque fort de conduire à une nouvelle rupture.