Pour un pays comme le Maroc, le chiffre n’est pas banal. Quelque 18.000 sans-papiers viennent de recevoir leur carte de séjour au Maroc, ce qui n’est pas rien pour un pays qui, jusqu’à une date récente, était encore une terre d’émigration, puis de transit des migrants en route vers l’Eldorado européen avant qu’il ne se transforme en forteresse inaccueillante.
En tout, ce sont 27.000 sans-papiers entrés illégalement au Maroc qui ont introduit des demandes de régularisation. Et près des deux tiers de ces demandes ont été satisfaites dans la première opération du genre, initiée à l’initiative du roi Mohammed VI pour des considérations humanitaires et de solidarité. Les heureux bénéficiaires du précieux document répondent à la condition d’avoir séjourné sans discontinuer au Maroc durant les cinq dernières années.
Les sans-papiers viennent de plus d’une centaine de pays, mais la plupart sont originaires de pays d’Afrique subsaharienne. Les régularisations ont concerné majoritairement des Sénégalais, des Nigériens, mais aussi des ressortissants de la Guinée Conakry, de la Guinée Bissau, du Congo Brazzaville, du Cameroun et de la Syrie. Les personnes déboutées pourront toujours introduire un appel auprès de la commission nationale chargée des recours.
Depuis quelques années déjà, les sans-papiers étaient devenus familiers du paysage urbain au Maroc, ou parfois même des petites villes ou villages. Les nouveaux régularisés se retrouvent concentrés à Rabat et Casablanca, les deux villes qui ont reçu le plus de demandes régularisation et qui comptent aussi un grand nombre de sans-papiers.
A présent, les 18.000 personnes qui ont été régularisées, parmi lesquelles figurent une grande proportion de femmes, auront désormais le droit de travailler. Ils pourront vivre normalement, se faire soigner et envoyer leurs enfants dans les écoles, même si certains établissements accueillaient déjà des petits issus de familles de sans-papiers.