La commission PEGA du Parlement européen a présenté hier mardi, sous forme de projet, un rapport qui accuse les pays de l’Union européenne (UE) de pratiquer l’«Omerta», c’est-à-dire le code du silence initialement lié à la mafia italienne, et de se couvrir mutuellement pour faire obstacle à l’enquête sur l’utilisation de logiciels espions contre des opposants politiques, des journalistes ou des hommes d’affaires.
Sophie Int’ Veld, eurodéputée néerlandaise chargée de l’enquête pour la commission, a accusé les gouvernements de ne pas fournir de faits concrets et reproche à la Commission européenne sa «faible» et «superficielle» application du droit communautaire tout en dénonçant le Conseil européen d’avoir protégé les Etats membres de tout contrôle.
Elle a déploré que dans de nombreux cas, les gouvernements des Etats membres aient refusé de partager des informations officielles avec la commission d’enquête du Parlement européen, qui a dû baser ses travaux sur d’autres sources, notamment les enquêtes journalistiques.
La commission a jugé que des logiciels espions ont été utilisés de manière « illégitime » par au moins quatre pays de l’Union européenne. La Grèce, l’Espagne, la Hongrie, Chypre et la Pologne font particulièrement l’objet d’un examen minutieux de la part de la commission.
En Pologne et en Hongrie, la commission affirme que le logiciel espion Pegasus est devenu une partie intégrante d’un système conçu pour contrôler et même opprimer les citoyens critiques à l’égard du gouvernement, membres de l’opposition, journalistes, lanceurs d’alerte.
De son côté, la Grèce est secouée par un scandale d’espionnage qui prend de l’ampleur et qui indique que des dizaines de personnalités politiques, de journalistes et d’hommes d’affaires ont été mis sur écoute par le logiciel espion PREDATOR.
Il y a aussi l’utilisation du logiciel espion Pegasus pour cibler les leaders indépendantises catalans et les politiciens espagnols, ainsi que l’utilisation du même logiciel espion par la Hongrie pour espionner ses détracteurs. Et Chypre, décrit comme une plateforme pour l’exportation de logiciels espions, des indices sur un recours à ce type de surveillance des citoyens, sont soulignés.
Le rapport final de la commission PEGA sera présenté ultérieurement suite aux amendements de tous les groupes politiques. Le lancement de l’enquête fait suite aux révélations, en 2021, selon lesquelles des gouvernements du monde entier ont utilisé des logiciels espions produits par la société israélienne NSO Group pour infiltrer les appareils de responsables politiques, de journalistes, de militants et d’avocats.