Football-Mondial 2022 : Une filiale de Vinci mise en examen en France pour les conditions de travail de ses employés au Qatar

A quelques jours de l’ouverture de la Coupe du monde de football au Qatar, la justice française a mis en examen hier mercredi une filiale du groupe français de BTP «Vinci» dans le cadre d’une enquête sur les conditions de travail de ses employés sur certains chantiers liés au Mondial 2022. 

Le parquet de Nanterre a indiqué que la filiale Vinci Constructions Grands Projets (VCGP) a été mise en examen par un juge d’instruction de Nanterre (Hauts-de-Seine) pour les chefs d’accusation de «soumission à des conditions de travail ou d’hébergement incompatibles avec la dignité humaine», «obtention de la fourniture d’une personne en situation de vulnérabilité ou de dépendance de services, avec une rétribution sans rapport» et «réduction en servitude». 

Trois chantiers sont notamment décriés par les plaignants, à savoir celui du «métro léger» ralliant Doha à Lusail, la ville nouvelle qui accueillera la finale de la Coupe du monde de football, celui des parkings souterrains de Lusail, et ceux du chantier de l’hôtel de luxe Sheraton, construit au cœur de Doha. 

L’avocat de VCGP a averti que son client «va immédiatement former un appel tendant à voir prononcer par la Chambre de l’instruction de Versailles la nullité de cette mise en examen», en raison notamment d’une infraction visée qui n’existait pas dans le Code pénal au moment des faits qui lui sont reprochés. 

Le dossier remonte à 2015 alors qu’une première plainte avait été classée sans suite en 2018. Mais des plaintes avec constitution de partie civile émanant des associations Sherpa et Comité contre l’esclavage moderne (CCEM), ainsi que d’ex-employés indienset népalais de ces chantiers, ont entraîné l’ouverture d’une enquête en France par un juge d’instruction en novembre 2019. 

Selon les témoignages recueillis à l’époque par l’ONG Sherpa, les employés immigrés de Vinci sur certains chantiers ont dit avoir travaillé, passeport confisqué, entre 66 et 77 heures par semaine. Ils auraient été entassés dans des chambres exiguës aux sanitaires insuffisants, percevant des rémunérations sans rapport avec le travail fourni, menacés de licenciement ou de renvoi dans leur pays en cas de revendications.