Benkirane pris de court par le rapport Jouahri

Le rapport Jouahri a fait l’effet d’une douche froide pour Benkirane. Excité par les chiffres économiques réconfortants des derniers mois, le chef du gouvernement n’a pas vu venir le diagnostic sans concession établi par le patron de Bank Al-Maghrib.

bank-raprtEn présentant au roi Mohammed VI le rapport annuel de la banque centrale pour 2014, le wali de Bank Al Maghrib a mis le doigt sur les points faibles du bilan gouvernemental. En tête desquels, la croissance non agricole qui a continué de stagner depuis 2008, et la persistance d’un taux de chômage inquiétant, en particulier parmi les jeunes en milieu urbain.

Pour l’année 2014, le constat d’Abdellatif Jouahri est sans appel : la croissance de l’économie nationale a reculé à 2,4%. Quant au taux de chômage, il a augmenté à 9,9%, et davantage dans les villes où quatre jeunes sur 10 sont sans emploi.

Le rapport adresse une pique à l’équipe gouvernementale sur sa piètre gestion des affaires : « le pays enregistre l’un des taux d’investissement les plus élevés au monde, mais les résultats restent bien en dessous des espérances, aussi bien en termes de croissance que de création d’emplois», relève le patron de la banque centrale, dont le diagnostic annuel fait autorité en matière économique et financière.

Les charges de l’administration se sont accrues de plus de 5%, aggravant le déficit budgétaire et réduisant presque à néant les effets de la décompensation. Les chiffres inquiétants du Wali de Bank Al-Maghrib s’ajoutent à ceux produits par Ahmed Lahlimi, dont le HCP a pronostiqué une croissance de 4,3% en 2015, suivie par un essoufflement à 2,6% en 2016.

Ces chiffres peu rassurants tombent au mauvais moment pour Abdelilah Benkirane. Le chef du gouvernement comptait sur les bons résultats de ce premier semestre pour faire tourner la campagne du parti islamiste en prévision du marathon électoral qui démarre en septembre.