Le projet du Venezuela d’organiser un référendum sur l’annexion d’une région riche en pétrole tend les relations avec le Guyana

Le gouvernement du Guyana, petit pays d’Amérique du Sud, a demandé hier mardi à la Cour internationale de justice (CIJ), la plus haute juridiction internationale, d’arrêter «de toute urgence» le projet de référendum au Venezuela sur l’annexion de la région d’Essequibo, revendiquée par les deux pays, estimant qu’il constituait une «menace existentielle» pour le Guyana. 

Caracas revendique depuis des décennies la région d’Essequibo, qui représente plus des deux tiers du territoire du Guyana et où vit environ un cinquième de sa population, soit quelque 125.000 personnes. 

Le litige a été confié, en 2018, à la Cour internationale de justice, une cour de l’ONU qui statue sur les différends entre Etats, mais dont le Venezuela ne reconnaît pas les compétences pour traiter ce dossier. Si les décisions de la CIJ sont juridiquement contraignantes, elle n’a pas le pouvoir de les faire appliquer.

C’est dans ce contexte que le Venezuela prévoit d’organiser un référendum le 3 décembre projet sur le rejet d’une décision de justice datant de 1899, qui avait fixé la frontière du Venezuela avec le Guyana, ancienne colonie de la Grande-Bretagne et des Pays-Bas. 

Parmi les questions posées lors de ce référendum, l’une demande si le peuple vénézuélien doit rejeter cet accord de 1899 car il lui aurait été « imposé de manière frauduleuse », si le Venezuela doit continuer à rejeter toute compétence de la CIJ sur le différend et si Caracas doit mettre en œuvre un « plan accéléré » pour donner aux habitants du territoire la citoyenneté vénézuélienne et des cartes d’identité. 

Le Guyana estime que le référendum permettra au Venezuela de s’emparer de la région d’Essequibo et de l’annexer de manière « unilatérale et illégale », lui causant un « préjudice irréparable ». 

La région de l’Essequibo fait l’objet de négociations entre les deux Etats d’Amérique du Sud depuis 1966. Mais la question a pris une nouvelle tournure quand le consortium pétrolier chargé d’exploiter la zone et dirigé par l’américain ExxonMobil a découvert en septembre dernier que cette région est si riche en pétrole que ses réserves pourraient permettre au Guyana de dépasser celles du Koweït et des Emirats avec une réserve estimée à pas moins de dix milliards de barils. 

Furieux, les Vénézuéliens considèrent que l’exploitation a été décidée unilatéralement par le Guyana, au mépris de l’accord de Genève signé en 1966, qui prévoyait des négociations pour que les deux pays parviennent à une solution pacifique sur l’Essequibo. Le référendum prévu pour le 3 décembre prochain sera suivi à coup sûr d’une intervention militaire du Venezuela.