L’ONU met fin au programme d’aide alimentaire en Syrie

Le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations Unies, a mis fin hier lundi, à ses aides alimentaires en Syrie, une mesure annoncée début décembre dernier en raison du manque de financement, et qui risque d’affecter des millions de Syriens dans le besoin. 

Le PAM fournissait depuis des années des colis de sucre, d’huile et de céréales à plus de cinq millions et demi de Syriens dans le Nord-Ouest, sous le contrôle des rebelles et des djihadistes, et dans les zones gouvernementales. 

En juin dernier, le PAM avait déjà réduit de moitié le nombre de bénéficiaires, limitant son aide à 3,2 millions de personnes et en septembre 2023, le volume des rations alimentaires avait été lui aussi réduit. 

Aucune autorité ou organisation n’est en mesure de prendre le relais du PAM, dans une Syrie saignée à blanc par 12 ans de guerre civile et affaiblie par les sanctions internationales contre le régime de Bachar Al-Assad. Actuellement 90% des personnes vivent sous le seuil de la pauvreté en Syrie, et près de 25% des habitants dépendent entièrement de l’aide alimentaire fournie par les agences spécialisées de l’ONU. 

Avec l’entrée en vigueur de cette décision, ce sont 24 millions de personnes supplémentaires qui sont aujourd’hui menacées par la famine dans ce pays. Les populations en détresse dans la province d’Idleb, qui échappe au contrôle du gouvernement syrien et où s’entassent plus de deux millions de réfugiés, dépendaient presque entièrement de l’aide fournie par le PAM. 

Mais ce sont bien les zones gouvernementales qui seront les plus affectées, car l’Etat syrien, soumis à de sévères sanctions occidentales et privé de ses ressources, est totalement impuissant. 

Les régions du Nord et de l’Est du pays, qui abritent les principales réserves d’hydrocarbures du pays placées sous le contrôle des forces américaines et qui sont considérées comme le grenier à blé de la Syrie, sont administrées par les milices kurdes qui ne reconnaissent pas l’autorité de Damas. 

Ne parvenant pas à mobiliser ses partenaires et ses donateurs, le PAM est aujourd’hui confronté à ce choix terrible de devoir supprimer certaines de ses opérations d’assistance. 

L’an dernier, ce programme n’a reçu qu’un tiers des 50 milliards d’euros d’aide nécessaire à son action. C’est le déficit de financement le plus important de son histoire. Les missions humanitaires de l’ONU sont de plus en plus compromises et les perspectives pour 2024 sont assez préoccupantes.