Des pourparlers diplomatiques inédits entre les Etats-Unis et l’Iran doivent s’ouvrir prochainement dans le sultanat d’Oman, dans l’espoir de relancer un accord sur le programme nucléaire iranien.
Cette initiative fait suite à l’annonce surprise, lundi dernier, par le président américain, Donald Trump, de discussions «à haut niveau» entre les deux pays, qui n’entretiennent plus de relations diplomatiques depuis la révolution islamique de 1979.
Les discussions, auxquelles participeront l’émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, et le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, interviennent dans un contexte marqué par des mois d’escalade verbale.
L’Iran, frappé par de lourdes sanctions économiques américaines, cherche à obtenir leur levée, tandis que Washington exige des garanties sur la nature strictement civile des activités nucléaires de Téhéran qui est l’objet d’un point de discorde depuis des décennies entre les deux pays.
«Nous donnons une chance à la diplomatie, en toute bonne foi mais avec vigilance. Les États-Unis devraient reconnaître cette ouverture, malgré leur rhétorique hostile», a déclaré Esmaïl Baghaï, porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, sur le réseau social X, même si les négociations s’annoncent complexes.
Le mercredi 9 avril, Donald Trump a évoqué la possibilité d’une «intervention militaire» en cas d’échec, une déclaration aussitôt condamnée par Téhéran.
Ali Shamkhani, conseiller du guide suprême, Ali Khamenei, a averti que de telles provocations pourraient conduire l’Iran à expulser les inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), une mesure que Washington a qualifiée d’«escalade inacceptable».
Ces tensions surviennent après l’envoi, en mars dernier, d’une lettre de Trump à Khamenei, mêlant exhortation à la négociation et avertissement militaire. L’Iran avait alors réaffirmé son refus de discussions directes tant que les États-Unis maintiennent leur politique de «pression maximale», tout en laissant entrevoir une ouverture à des négociations indirectes.
L’objectif affiché est de parvenir à un nouveau cadre, en remplacement de l’accord de 2015 (JCPOA), après le désengagement de Washington de cet accord en 2018.
Ce texte, conclu avec les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU et l’Allemagne, prévoyait un encadrement du nucléaire iranien contre une levée partielle des sanctions. Son abandon avait conduit Téhéran à reprendre progressivement ses activités nucléaires sensibles.
À quelques jours de la reprise des discussions avec Téhéran, les États-Unis ont pourtant durci leur posture en imposant de nouvelles sanctions ciblant le nucléaire et le pétrole iraniens. « Nous évaluerons samedi le sérieux de notre interlocuteur avant de décider de notre suite à donner », a indiqué Baghaï, refusant toute anticipation sur l’issue des pourparlers.
La rencontre, facilitée par Oman, traditionnel médiateur dans le Golfe, pourrait marquer un tournant dans l’une des rivalités les plus explosives de la région. Elle intervient alors que l’Iran, isolé économiquement, cherche des issues, et que l’administration Trump désire concilier fermeté et résultats diplomatiques.