La Hongrie connaît une nouvelle vague de mobilisations civiques alors que le gouvernement de Viktor Orbán s’apprête à adopter un controversé « projet de loi sur la transparence ».
Dimanche après-midi, plusieurs centaines de personnes ont défilé en silence dans les rues de Budapest, traversant le pont de la Liberté avant de se rassembler sur la place St. Gellért.
Organisée par aHang (La Voix), principale organisation civique non-parlementaire du pays, cette manifestation fait suite à une série de rassemblements ayant touché une quinzaine de villes hongroises en l’espace de dix jours.
Le mouvement de protestation atteint ainsi la capitale, où les manifestants ont choisi le silence pour dénoncer ce qu’ils considèrent comme une tentative d’étouffer toute voix critique.
« Notre travail n’est pas de la subversion, mais de la construction. Ce n’est pas de l’offense, mais de la défense », a déclaré dans son discours, Viktor Szalóki, directeur politique d’aHang.
Le projet de loi, qui pourrait être adopté dès la mi-juin, imposerait des restrictions drastiques aux ONG et aux médias indépendants, compliquant notamment les dons et le bénévolat dans le pays.
« L’objectif est clair : intimider et réduire au silence toute organisation ou citoyen responsable », a affirmé Enikő Tóth, directrice de campagne d’aHang. Selon elle, le texte vise particulièrement les structures aidant les citoyens à « acquérir de nouvelles connaissances » ou servant de contre-pouvoir en « tendant un miroir aux décideurs ».
La marche s’est conclue par une installation visuelle frappante : les activistes ont placardé les portraits de responsables gouvernementaux sur les barrières entourant l’hôtel Gellért, récemment acquis par la société d’István Tiborcz, gendre du Premier ministre. Un symbole des liens entre le pouvoir politique et les intérêts privés régulièrement dénoncés par l’opposition.
Interrogés sur l’efficacité de ces manifestations, les participants expriment des sentiments contrastés. « Ceux au pouvoir s’en fichent, ils travaillent à rendre toute opposition impossible », regrette un homme âgé, mais une jeune manifestante nuance en affirmant que « ces rassemblements maintiennent le moral. Même sans résultat immédiat, ils nous rappellent que la lutte vaut la peine ».
Avec des rassemblements prévus à Hódmezővásárhely et Veszprém dans les prochains jours, le mouvement entend maintenir la pression alors que le vote parlementaire approche.
Dans un pays où l’espace démocratique se réduit depuis des années, cette mobilisation silencieuse pourrait marquer un nouveau chapitre de la résistance civile.