L’Italie présente le “plan Mattei” pour redéfinir son partenariat avec l’Afrique

À Rome, la cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni a présenté ce vendredi 20 juin son « plan Mattei », une stratégie destinée à renforcer la coopération avec l’Afrique tout en s’attaquant aux causes profondes de l’immigration clandestine. Ce programme, soutenu par la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, prévoit la mobilisation de 5,5 milliards d’euros répartis entre 14 pays africains. Toutefois, selon un rapport officiel, seuls 2 milliards auraient à ce jour été effectivement attribués à des projets concrets.

Inspiré de l’héritage d’Enrico Mattei, fondateur d’Eni et partisan de partenariats équitables avec les pays producteurs de pétrole, le plan entend éviter tout « paternalisme », une référence implicite au recul de l’influence française dans le Sahel.

Ce plan répond aussi aux besoins énergétiques de l’Italie, qui cherche à diversifier ses fournisseurs à la suite de l’invasion russe en Ukraine. Les projets prioritaires incluent des investissements dans l’énergie, les infrastructures et l’accès à l’eau. Parmi eux : le financement d’une ligne ferroviaire entre la Zambie et l’Angola, et un projet de biocarburants au Kenya à hauteur de 65 millions d’euros.

L’Union européenne cherche à intégrer ce plan à sa propre stratégie « Global Gateway », qui mobilise 150 milliards d’euros pour concurrencer l’influence croissante de la Chine sur le continent.

Le plan a reçu un accueil favorable de la part de plusieurs dirigeants africains, tout en suscitant des réserves. Le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a averti que « les promesses seules ne suffisent pas ». Des critiques soulignent également que les montants engagés sont insuffisants pour réduire durablement les flux migratoires. D’autres, comme l’ONG ReCommon, s’inquiètent d’un programme servant avant tout les intérêts des grandes entreprises italiennes.