L’ancien président colombien Álvaro Uribe, figure incontournable de la droite, connaîtra ce mardi le verdict de son procès en appel. La justice doit statuer sur le maintien ou l’annulation de sa condamnation à douze ans d’assignation à résidence, prononcée en première instance en août dernier pour subornation de témoins et fraude procédurale.
À 73 ans, l’ex-chef d’État (2002-2010) est le premier président de l’histoire du pays à avoir été condamné pénalement. Les juges ont estimé qu’il avait exercé des pressions sur d’anciens paramilitaires pour qu’ils nient, lors de précédentes enquêtes, tout lien avec lui. Cette condamnation s’était accompagnée d’une mesure de détention à domicile, levée depuis le début du pourvoi en appel.
L’affaire trouve son origine dans les témoignages d’anciens membres de groupes paramilitaires d’extrême-droite, dont Juan Guillermo Monsalve qui a notamment affirmé que l’avocat de M. Uribe avait tenté de le soudoyer.
L’ancien président, qui a toujours nié avec véhémence toute association avec les milices en question et dénonce une « persécution politique » de la gauche, a fait appel de cette décision.
Le verdict de mardi est hautement politique. Álvaro Uribe conserve une influence considérable sur la scène politique nationale, où son parti forme l’épine dorsale de l’opposition au gouvernement de gauche du président Gustavo Petro.
Son nom est également cité dans au moins trois autres enquêtes distinctes, confiées au parquet, concernant la création et le financement d’un groupe paramilitaire, plusieurs massacres et l’assassinat d’un défenseur des droits de l’Homme.
Si la cour d’appel confirme la condamnation, une longue bataille judiciaire s’en suivra. La défense pourra en effet se pourvoir en cassation devant la Cour suprême, un processus qui pourrait s’étendre sur plusieurs mois, voire plusieurs années, maintenant l’incertitude judiciaire et politique autour du sort qui sera réservé à l’ancien président de la Colombie.