Eclaboussée par un scandale éthique la boutique de la marque chinoise «Shein» a accueilli à son ouverture mercredi 5 novembre au BHV Marais, à Paris, «plus de 50.000 visiteurs» en quelques jours seulement, a annoncé dimanche, Frédéric Merlin, dirigeant du groupe propriétaire du grand magasin, premier point de vente permanent au monde pour la plateforme d’origine chinoise, jusqu’ici exclusivement connue pour son modèle en ligne.
L’inauguration s’est pourtant déroulée dans un climat d’indignation. La marque est ciblée par une vive controverse depuis la découverte, sur son site, de la vente de poupées sexuelles ressemblant à des fillettes ainsi que d’armes classées en catégorie A, interdites à la commercialisation.
Face à l’ampleur du scandale, Shein a retiré les produits incriminés et échappe, pour l’heure, à une suspension sur le territoire français. Le gouvernement maintient toutefois une « surveillance rapprochée » et plusieurs procédures judiciaires contre cette chaîne commerciale, restent en cours.
À la demande du Premier ministre français, Sébastien Lecornu, un nouveau point de situation aura lieu la semaine prochaine. Le ministère de l’Intérieur a saisi le Tribunal judiciaire de Paris afin de «faire cesser les graves dommages à l’ordre public causés par les défaillances répétées de Shein», confirmant la volonté des autorités d’encadrer strictement les activités de la plateforme chinoise.
Malgré ce contexte lourd, le BHV revendique un succès commercial. Sur Instagram, Frédéric Merlin s’est félicité de la fréquentation et évoque un panier moyen de 45 euros, précisant que près de 15 % des visiteurs ont prolongé leurs achats dans d’autres rayons du grand magasin, situé face à l’Hôtel de Ville.
Shein, fondée en 2012 en Chine et aujourd’hui basée à Singapour, fait régulièrement l’objet d’accusations concernant la pollution générée par son modèle de fast fashion et les conditions de travail de ses fournisseurs.
Le BHV affirme vouloir élargir l’offre de la boutique avec une gamme homme plus étoffée, un espace enfant et des collections plus accessibles. Reste à savoir si l’engouement commercial résistera aux turbulences judiciaires et politiques toujours en cours.