Libye: pressions et menaces derrière le report du vote pour le gouvernement d’union

Le chaos politique et sécuritaire se complique davantage en Libye, avec les informations faisant état de menaces contre les parlementaires favorables à la mise en place du gouvernement d’union nationale, au moment où l’intervention occidentale contre l’organisation terroriste de l’Etat islamique se précise de jour en jour.

libye-interUne centaine de membres du Parlement siégeant à Tobrouk (Est) et reconnu par la communauté internationale, ont fait état mercredi d’intimidations et de menaces contre leur sécurité s’ils votaient en faveur du gouvernement d’union. Ce gouvernement, formé par le premier ministre désigné Fayz Al Sarraj sur la base de l’accord de Skhirat (Maroc), est soutenu par l’ONU. Les parlementaires ont donc demandé que le vote, reporté une nouvelle fois à la semaine prochaine, soit tenu en dehors de Tobrouk où leur sécurité n’est plus garantie.

En attendant la mise en place de ce gouvernement qui aurait la légitimité de demander une intervention internationale contre Daech, les occidentaux ne restent pas les bras croisés. Après les révélations du journal français Le Monde, mercredi, la présence de forces spéciales françaises (et aussi américaines) en Libye ne fait plus de doute.

La réaction du ministre français de la défense, Jean-Yves Le Drian, qui a ordonné l’ouverture d’une enquête pour violation du secret-défense, ne changera pas la réalité d’une présence occidentale renforcée, bien qu’elle demeure « clandestine » à l’étape actuelle. Des services de renseignement et des agents secrets mènent des opérations ciblées contre des chefs de l’EI.

Dans ce cafouillage généralisé, les exactions contre les prisonniers et les civils restent chose courante, s’indigne l’ONU, rendant responsables toutes les parties du conflit de crimes de guerre.

« Une multitude d’acteurs – étatiques et non étatiques – sont accusés de très graves violations et abus qui pourraient, dans certains cas, constituer des crimes de guerre », a déclaré le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Zeid Ra’ad Al Hussein, dans un communiqué.

Les conclusions d’un rapport publié jeudi sur les exactions commises en Libye en 2014 et 2015, révèlent une situation dramatique. Le rapport appelle ainsi le Conseil de sécurité des Nations unies à établir une liste des « individus responsables de violations ou d’abus » en vue de poursuites ultérieures.