Le Roi Mohammed VI a consacré le discours d’ouverture de la première session de la nouvelle législature, vendredi, aux carences de l’administration dans sa relation quotidienne avec les citoyens, soulignant la nécessité de hisser le niveau du service public afin de mieux répondre aux attentes.
S’adressant aux parlementaires, le souverain a précisé que l’ouverture de l’année législative est « une tribune à travers laquelle je me mets à l’écoute de la voix du citoyen que vous représentez ».
Après avoir réaffirmé l’attachement au multipartisme, le souverain a indiqué que la première législature qui s’est achevée était « une législature fondatrice, marquée par l’adoption des lois relatives à la mise en place des institutions ».
« C’est dire que l’étape que nous abordons est autrement plus importante que les précédentes. Elle induit la nécessité de se pencher sérieusement sur les questions et les préoccupations réelles des citoyens, d’impulser l’action de service public de l’Administration et d’améliorer la qualité de ses prestations », a poursuivi le souverain.
Le souverain a pointé la relation entre le citoyen et l’Administration, qu’il s’agisse des services centraux et de l’administration territoriale, ou des conseils élus et des services régionaux des départements ministériels. « Je songe également aux différents services concernés par l’investissement, ayant vocation à encourager les entreprises et à répondre aux besoins simples et de toutes sortes, du citoyen.
« Tous ces services ont pour finalité de permettre au citoyen de régler ses affaires, dans les meilleures conditions et les plus brefs délais possibles, et aussi de simplifier les procédures et de rendre les services et les prestations de base plus proches du citoyen.
« Mais s’il fallait que tous les dossiers soient traités au niveau de l’Administration centrale à Rabat, quelle serait alors l’utilité de la décentralisation, de la régionalisation et de la déconcentration administrative que nous nous employons à consolider depuis les années 80 du siècle dernier? »
Le roi a jouté: « il est navrant de constater que certains exploitent le mandat qui leur est délégué par le citoyen pour gérer les affaires publiques, et en profitent pour régler leurs affaires personnelles ou partisanes, au lieu de servir l’intérêt général, motivés en cela par des calculs électoralistes.
« Le véritable engagement partisan et politique commande de placer le citoyen au-dessus de toute considération. Il exige de tenir les promesses qui lui sont faites, de se dévouer à son service et de hisser ce devoir au-dessus des intérêts partisans et personnels.
« Si certains ne comprennent pas que des citoyens s’adressent à leur Roi pour régler des problèmes et des questions simples, c’est qu’il y a maldonne quelque part. Je suis évidemment fier de traiter directement avec mon peuple et de régler ses problèmes simples.
« Je continuerai à le faire, toujours à leur service. Mais est-ce que les citoyens me demanderaient d’intervenir si l’Administration faisait son devoir? », s’est interrogé le souverain.
Le roi a notamment cité les cas des nombreux citoyens qui se plaignent des affaires d’expropriation, de la lenteur et de la complexité des procédures judiciaires et de la non-exécution des jugements, notamment face à l’Administration.
« Il est tout aussi inconcevable que l’Administration ne rembourse même pas les dettes qu’elle a contractées auprès des petites et moyennes entreprises, alors qu’elle est censée les soutenir et les encourager eu égard à leur rôle important dans le développement et l’emploi ».
« Les problèmes qui se posent au citoyen dans l’Administration, sont clairement illustrés à travers les obstacles qui entravent l’investissement, nonobstant la création des Centres régionaux et l’utilisation du guichet unique pour simplifier les procédures et accélérer le processus décisionnel.
« L’utilisation des nouvelles technologies contribue à faciliter l’accès, dans les plus brefs délais, du citoyen aux prestations, sans qu’il soit nécessaire de se déplacer souvent à l’Administration et de s’y frotter, car c’est là la cause principale de l’extension du phénomène de corruption et du trafic d’influence.
Tout le monde est responsable de l’efficacité de l’Administration publique, dont les prestations doivent être de meilleure qualité, d’autant plus qu’elle est le pilier de toute réforme et le fondement essentiel de la dynamique de développement et de progrès que nous voulons pour notre peuple fidèle », a insisté le souverain.