Alors que la conférence sur la Libye orchestrée par Nicolas Sarkozy battait son plein à Paris, la nouvelle a fait l’effet d’une bombe, se répandant tel une trainée de poudre par les smartphones et autres terminaux Blackberry.
En effet, selon la publication stratégique française « Maghreb Confidentiel » dans son édition du jeudi 1er Septembre, L’Algérie suspecte son rival habituel, le Maroc, d’être à l’origine d’une partie de ses déboires avec le CNT, car Rabat aurait fourni des preuves irréfutables de l’ « engagement matériel » du régime algérien aux côtés de Mouammar Kadhafi. « Maghreb Confidentiel » révèle également que le Maroc aurait mis à la disposition du Conseil National de Tranistion, et ce dès le mois de mars, des officiers formateurs pour entraîner et encadrer les insurgés de Benghazi.
Alger se trouve dans une situation délicate en ce moment, après avoir accepté de recevoir une trentaine de membres de la famille de Kadhafi, et en refusant toujours de reconnaître le CNT Lybien, l’accusant d’être noyauté par des terroristes islamistes proches d’Al Quaïda au Maghreb Islamique (AQMI). En réalité, nombre d’observateurs estiment que l’Algérie serait fortement embarrassée par la chute du régime de Kadhafi, le système de ce dernier ayant certaines similitudes avec le sien: une économie basée sur les exportations des hydrocarbures, une oligarchie au pouvoir formée d’un complexe incluant le renseignement et l’armée, et enfin, une certaine sclérose des institutions.
Seule différence notable, la presse algérienne jouit d’une certaine indépendance et a d’ailleurs marqué sa différence de manière significative lors des dernières semaines en reflétant le désaccord profond du peuple algérien avec le pouvoir dans l’attitude à l’égard du guide de la révolution.
Malgré cela, en adepte tardive de la Realpolitik, l’Algérie a décidé de participer à la conférence de Paris et a envoyé son ministre des affaires étrangères, Mourad Medelci, pour tenter de faire bonne figure et de reprendre langue, discrètement, avec le CNT. Le ministre a même été dépêché auprès de la chaine de radio française Europe 1 -où officie Jean Pierre Elkabbach, un proche du président Bouteflika- pour « clarifier » la position de son pays. Paradoxalement, le salut d’Alger dans ce bourbier libyen pourrait bien venir de…Rabat selon des sources haut placées auprès du quai d’Orsay, puisque le Royaume Chérifien, qui souhaite la normalisation de ses relations avec l’Algérie et la réouverture de ses frontières terrestres avec son voisin de l’est, pourrait jouer les médiateurs discrets, pour peu qu’ « on le lui demande…gentiment », poursuit notre interlocuteur.
Selon la même source, le pouvoir algérien serait divisé sur l’attitude à adopter face au CNT et hésiterait encore à reconnaître l’autorité de ce dernier, même si certains conseillers du Président Bouteflika le poussent à aller vers cette décision au plus vite, afin de ne pas créer de dommages « irréparables ».
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