A un mois des élections législatives anticipées, le principal parti islamiste au Maroc ne fait pas bonne figure chez les institutions occidentales spécialisées dans les sondages d’opinion. A défaut de sondages d’opinion puisqu’ils ont été interdits à un mois des législatives par une nouvelle loi, l’opinion publique se réfère aux institutions spécialisées étrangères pour avoir une idée sur la future carte politique et partisane du royaume.La première à ouvrir le bal a été l’enquête d’opinion dont la synthèse a été publiée le 24 octobre dernier, par deux organismes français, l’Institut Thomas More et Tendances Institut, basés à Paris et Bruxelles et qui fait état d’un «avis très critique » prononcé par la blogosphère marocaine à l’endroit du Parti de la Justice et du Développement (PJD). Celui-ci, relève la note d’analyse des deux institutions, «est souvent perçu comme archaïque et peu en phase avec une société qui se définit elle-même comme moderne. « Pire, pour nombre de jeunes intervenants de la blogosphère marocaine, relève la note d’analyse, il est souvent jugé comme potentiellement dangereux, l’hypothèse d’une victoire étant alors analysée comme un recul du Maroc en matière politique ». Les résultats d’une autre enquête est parvenue ce mercredi 27 octobre, mais est cette fois-ci issue du pays de l’Oncle Sam. L’enquête qui avance des pronostics sur les législatives anticipées du 25 novembre prochain, a été réalisée par le think thank Hudson Institute. Même si sur la base des scores obtenus par chacun des partis politiques actuellement en lice lors des précédents scrutin (2007 et 2009), aucun parti ne peut prétendre réaliser un raz de marée, le Hudson Institute a tenté quand même de se prononcer sur les scores escomptés pour chacun de ces partis. En dépit des informations relayées par la presse faisant état d’un probable raz de marée de la formation islamiste , emboîtant le pas au parti islamiste tunisien Ennahda, l’enquête du journaliste d’investigation Richard Miniter pour le compte de l’institut Hudson crédite le PJD d’un faible score en comparaison avec ceux des autres poids lourds de l’échiquier politique national.
Pour Richard Miniter, le PJD se contenterait ainsi de la quatrième position avec 9% seulement des voix. Selon la même enquête la tête du peloton reviendrait au Rassemblement National des Indépendants (RNI) qui est crédité de 12 % des voix, suivi en deuxième position du Parti de l’Istiqlal (11%), et du Parti Authenticité et Modernité (PAM) au troisième rang. Le PAM et le RNI font partie d’une nouvelle alliance qui regroupe six autres formations sous l’appellation « coalition pour la démocratie » plus connu populairement sous le sigle de G8.
La mauvaise performance du PJD est expliquée par Miniter notamment par le fait que ce parti « ne bénéficie d’aucun soutien dans le monde rural. Le PJD n’y avait pas fait un grand investissement, par conséquent, il ne gagne quasiment aucune voix » au moment où ses concurrents notamment le RNI, le PI et le PAM ont accordé une attention particulière au monde rural, où le lectorat leur serait donc très favorable. Même si le parti islamiste venait à démentir ces pronostics en sortant vainqueur de ces élections, il sera tout de même confronté à une difficulté majeure. Jusqu’à cette date, le PJD n’a pas encore conclu une entente avec l’un des partis en lice pour faire alliance et pouvoir former un gouvernement tout en ayant une majorité confortable au parlement. Une grande interrogation que seuls les urnes et le temps sont en mesure d’y répondre.