La télévision espagnole Antena 3 doit se mordre les doigts après sa condamnation par la justice belge. Et il y a de quoi pour une TV lorsqu’il s’agit de la manipulation trompeuse d’images tirées de leur contexte, dans le but d’influencer les téléspectateurs.
La chaîne espagnole voulait jouer au plus fin en diffusant à plusieurs reprises des photos bidon. En novembre 2010, dans la foulée du démantèlement mouvementé du camp de Gdem Yzik, près de Laâyoune, de nombreux médias espagnols se sont laissés prendre dans le piège de la surenchère médiatique. Antena 3 a voulu sortir du lot en diffusant des images soi-disant accablantes pour les forces de l’ordre marocaines. Mal lui en prit. Les photos diffusées de manière répétée montraient quatre corps ensanglantés, présentées comme étant ceux de victimes de l’intervention des forces de l’ordre. La réalité était tout autre. Il s’agissait des corps de victimes d’un drame chez la famille Rachidi, provoqué par un déséquilibré mental quelques mois plus tôt à Casablanca. Mais la chaîne espagnole n’avait pas la tête à effectuer les vérifications professionnelles d’usage. Pas plus qu’à procéder aux recoupements nécessaires qui lui auraient montré que les photos avaient été publiées par un journal marocain 10 mois plus tôt. Et pour ne rien arranger, le reportage d’Antena 3 a été regardé par d’autres membres de la famille Rachidi qui vivent à Bruxelles. Scandalisés par la duperie, les Rachidi ont aussitôt saisi la justice belge. Aujourd’hui, justice leur a été rendue.
Mais au-delà de son côté dramatique, cette affaire renseigne sur le degré d’implication des médias espagnols dans l’instrumentalisation coupable de l’épisode de Gdem Yzik et d’autres affaires du genre.