Le vieux parti de l’Istiqlal a pris l’allure d’un bateau qui navigue à la dérive sans commandant de bord. En attendant la tenue du Conseil national qui doit trancher sur le nom du futur successeur du Secrétaire général sortant, Abbas El fassi, c’est la brouille totale parmi les militants et les cadres du parti de la balance. Lundi dernier, le jour de l’Aïd Al Fitr, une rencontre supposée « familiale » pour un échange de félicitation, au domicile du fondateur du parti de l’istiqlal (PI) Allal El Fassi à Rabat, a failli tourner au vinaigre.
Des altercations et échauffourées allaient éclater, si ce n’était l’intervention de l’ancien secrétaire général du PI, M’hamed Boucetta. Des membres du Conseil national de Casablanca et de Rabat-Salé, venus renouveler leur appui à Abdelouahed El Fassi, se sont violemment pris à Naima Rebaa, une députée istiqlalienne du camp de Hamid Chabat, qu’ils voulaient expulser. Devant ces rivalités infantiles, M’Hamed Boucetta, membre du conseil de présidence de l’Istiqlal, a réussi à calmer les esprits mais ne s’est pas empêché d’exprimer son indignation face à la dégradation des bonnes manières au sein du vieux parti. Au fur et à mesure que s’approche l’échéance de l’élection, les affrontements deviennent intenables entre les camps des deux candidats en lice. Hamid Chabat, patron de l’UGTM et maire de la ville de Fès qui, après avoir réussi un grand coup en éjectant de la course le troisième candidat au poste de secrétaire général de l’Istiqlal, Mohamed El Ouafa, gendre du dirigeant sortant Abbas El Fassi, se trouve désormais seul face à l’autre candidat Abdelouahed El Fassi, fils du fondateur du parti Allal El Fassi. Le comité exécutif, apprend-on dans les coulisses du parti de la Balance, se réunira cette semaine pour arrêter la liste définitive des membres du conseil national devant élire l’un des candidats en lice. Mais, en attendant la date butoir du 22 septembre, jour de la tenue du Conseil national de l’Istiqlal, les pronostics vont bon train en faveur de l’un ou l’autre candidat en lice. Bien qu’à la date d’aujourd’hui rien n’est tranché et nul n’est en mesure de prédire le nom du futur successeur d’Abbas El Fassi.
On parle alors d’une troisième voie qui se profile à l’horizon pour faire sortir le plus vieux parti nationaliste marocain de son impasse. Hamid Chabat pourrait se retirer en faveur de Taoufik Hjira et Abdelouahed El fassi fera de même pour céder sa candidature à Karim Ghellab, ou alors de nouveaux candidats, une dizaine, entreront à la dernière minute dans la course au podium. Mais quel que soit le candidat gagnant, certains membres du comité des sages pensent que le futur chef du parti vivra un enfer pendant les quatre années de son mandat. Les partisans du candidat perdant mèneront la vie dure au nouveau élu quitte à faire provoquer une scission au sein du parti de la balance.