Le choc tant redouté Benkirane-Chabat n’aura finalement pas lieu. En tout cas, pas tout de suite. Selon des sources informées, le chef du gouvernement aurait réussi à convaincre Hamid Chabat de reporter le remaniement ministériel que ce dernier avait pourtant remis sur la table aussitôt après son élection à la tête de l’Istiqlal.
Lors de la réunion des chefs des quatre partis de la coalition gouvernementale, samedi dernier à Rabat, Hamid Chabat avait officiellement placé la question du remaniement ministériel. Evidemment peu préparés à un chambardement gouvernemental aussi précoce, les quatre avaient convenu d’approfondir le débat sur la question lors d’une prochaine réunion. Mais connaissant le côté ombrageux du maire de Fès, Abdelilah Benkirane a préféré l’approcher plus tard, à part, selon les mêmes sources. C’est cette démarche prudente du chef du gouvernement qui lui a permis d’éloigner pour quelque temps encore le spectre d’un remaniement qu’il redoute d’être bâclé. Car le tonitruant Chabat a dans le collimateur des ministres istiqlaliens dont il veut se débarrasser au plus vite. Le ministre de l’Enseignement Mohamed El Ouafa ainsi que celui de l’Economie et des finances Nizar Baraka, seraient les premières victimes de la vindicte du nouveau patron de l’Istiqlal. Le premier à cause de ses nombreuses bourdes et ses sorites médiatiques controversées. La dernière en date est de s’être adressé à une élève du primaire en des termes pour le moins déplacés pour un ministre. Le second pour incompatibilité d’humeur avec le maire de Fès qui, de toute façon, ne lui pardonnera certainement pas son soutien à Abdelouahed El Fassi, l’adversaire malheureux de Chabat à la course au secrétariat général du parti.
Et si l’islamiste Abdelilah Benkirane ne voit pas d’inconvénient au remplacement d’El Ouafa au portefeuille de l’Enseignement, il n’en va pas de même pour Nizar Baraka, dont le chef du gouvernement apprécie la rigueur dans ses fonctions au département des finances. D’ailleurs, Nizar Baraka a joué un rôle essentiel dans la préparation d’un projet de budget 2013 particulièrement difficile. Benkirane compte, de surcroît, sur Baraka pour faire passer au Parlement la pilule de dispositions budgétaires aussi contraignantes qu’impopulaires pour de larges catégories.