Tous les signaux indiquent que les choses ne tournent pas rond dans la majorité. Les critiques du patron de l’Istiqlal contre le gouvernement dans lequel sa propre formation occupe le second rang, ont dépassé le stade du simple dérapage verbal.
Depuis septembre dernier, date de son élection à la tête du deuxième parti de la majorité en importance, Hamid Chabat n’a pas épargné son allié Benkirane. Mais les choses ont pratiquement tourné au délire depuis le 1er mai. A l’occasion des défilés annuels des travailleurs, Chabat a rangé les mots du lexique politique pour sombrer dans l’excentricité. Il a ainsi accusé, visiblement sans preuves, des ministres de se présenter ivres au Parlement. Des attaques qui ont été aussitôt dénoncées après le conseil de gouvernement et qui n’ont fait que rajouter à la confusion générale au sein de l’exécutif. A telle enseigne que le chef du gouvernement Abdelilah Benkirane ne sait plus s’il doit traiter Chabat comme le dirigeant d’un parti de la majorité ou de l’opposition.
Toutefois, Hamid Chabat ne joue pas uniquement la carte des déclarations tapageuses et prosaïques. Souvent aussi, il sort des arguments imparables : la paralysie de l’exécutif face à la crise économique et ses retombées sociales, le monopole de la prise de décision par le chef de gouvernement. Et sur ce registre, Benkirane a peu de réponses à faire valoir. C’est peut–être la raison pour laquelle il observe un retenue inhabituelle et évite de répondre de front à un Chabat qui maîtrise le même langage populiste.
C’est peut-être aussi cette froideur du chef du gouvernement qui laisse penser que le jeu de Chabat, chaque fois qu’il effleure la rupture, ressemble plutôt à de la simple diversion.