C’était prévu, le Maroc n’a pas tardé à réagir à la décision de l’Union africaine de désigner un soi-disant « envoyé spécial » pour le dossier du Sahara. Une décision unilatérale, mais qui illustre la volonté de l’Algérie de tout faire pour court-circuiter l’ONU sur cette question.
Selon la vieille règle juridique, on ne peut à la fois être juge et partie. En l’occurrence, l’Union africaine a déjà pris son parti dans l’affaire du Sahara. En acceptant d’accueillir comme membre une imaginaire république du Sahara qui n’a aucune existence ni dans la réalité, ni sur le plan du droit international, l’UA s’est exclue d’elle-même de tout rôle de médiation. Le comble de l’effronterie, c’est qu’un certain nombre de pays africains, à l’instigation de l’Algérie, veulent supplanter l’ONU et le Conseil de sécurité dans ce dossier. Mais, cette nouvelle divagation d’Alger tient plus du dépit que du raisonnement politique sain.
Le ressentiment éprouvé par Alger tient au fait que, jusqu’à présent, les Nations Unies ainsi que toutes les grandes capitales dans le monde, refusent de reconnaître l’existence de quelque chose qui n’existe pas. Washington, Moscou, Pékin, Paris, Londres ainsi que Berlin, Madrid et toutes les grandes capitales dans le monde le savent pertinemment. La question du Sahara est le prolongement des désaccords cumulés entre l’Algérie et le Maroc, que l’Algérie revêt de l’habit d’une question de décolonisation. L’Espagne et la France le savent parfaitement pour avoir été les deux anciennes puissances coloniales dans la région. Et personne ne veut assumer la responsabilité d’ajouter à la carte du Maghreb un sixième Etat que l’Algérie essaie vainement d’imposer.
Historiquement, la population sahraouie a constamment maintenu des liens étroits avec la partie nord du Maroc, par le biais d’échanges humains ininterrompus qui ont enrichi la remarquable diversité culturelle du pays. Les liens sociaux, culturels et spirituels sont si forts que la mobilité entre le Nord et le Sud du Maroc n’a jamais connu de discontinuité. L’exemple du propre père du chef du Polisario qui vit encore dans une ville du centre du Maroc, à Beni Mellal, en est la troublante illustration. Cet exemple vaut pour de nombreux autres membres du Front Polisario, le mouvement financé, armé et soutenu diplomatiquement par l’Algérie, et dont l’existence est inconcevable sans la protection des autorités algériennes.
C’est pourquoi en répondant fermement que la recherche d’une solution politique définitive au conflit régional sur le Sahara est « du ressort exclusif de l’ONU », le Maroc n’a fait que remettre et l’UA et l’Algérie à leur place.