Bien que minés par les désaccords et les dissensions internes, les syndicats ont annoncé la grève générale pour mardi 23 septembre, dans un ultime sursaut d’honneur pour croiser le fer avec le Chef du gouvernement, accusé de mépriser les syndicats sur fond de désaccords autour de la réforme des caisses de retraite et de dégradation du pouvoir d’achat.
Après l’appel lancé par la FDT, la CDT, l’UGTM et l’ODT pour une grève générale dans la fonction publique, le secteur semi-public et les collectivités locales, l’autre grand syndicat, l’UMT s’est joint au mouvement. Il a toutefois laissé en suspens la date du débrayage. La décision de l’UMT n’obéit à « aucun agenda politique ou à de quelconques calculs électoralistes », a tenu à préciser Miloudi Moukharik. Une précision visiblement destinée à se démarquer de l’appel à la grève de la FDT et de l’UGTM, proches des partis de l’USFP et de l’Istiqlal.
Les bases syndicales sont cependant quasi unanimes à dénoncer la politique antisociale du gouvernement Benkirane. Miloudi Moukharik dénonce même un « insoutenable sentiment que (la) dignité des syndicalistes a été piétinée par ce gouvernement ». Alors que Abdelilah Benkirane parle d’une reprise du dialogue social, Moukharik affirme que « toutes les voies de dialogue ont été épuisées » avec l’exécutif.
Seul l’UNTM, l’organisation syndicale proche du parti islamiste du chef du gouvernement, reste en dehors du mouvement de protestation.
Mais en dépit du consensus anti-gouvernemental qui se dégage dans les rangs des syndicats, un léger doute subsiste sur le degré de mobilisation. En 2013, l’application par l’exécutif des prélèvements sur salaires contre les grévistes des collectivités locales avait freiné un mouvement de grèves à répétition qui, à la longue, était devenu impopulaire.
De nombreux observateurs craignent que ce précédent n’ait un impact dissuasif sur la réussite de l’actuel appel à la grève qui, au demeurant, intervient dans un contexte de profonde division syndicale.