La tension augmente entre le gouvernement et les syndicats qui ont annoncé une grève générale pour le 29 octobre, à laquelle l’exécutif a répondu par des menaces tout aussi crispées qui sont loin de favoriser le débat calme et patient qu’exigent les circonstances.
A la différence de la grève du 23 septembre, le cabinet Benkirane montre des signes d’énervement évidents. Cette fois-ci, les quatre poids-lourds du mouvement syndical sont pour un débrayage de 24 heures. La FDT, la CDT et l’UMT ont été rejoints par l’UGTM proche du parti de l’Istiqlal, mais aussi par le syndicat plus modeste de l’ODT. Seul le syndicat UNMT, allié du PJD, le parti islamiste du Chef du gouvernement, reste à l’écart.
La pression est d’autant plus ressentie par l’exécutif que tous les secteurs d’activité seraient concernés par le grève. Fonction publique, collectivités locales, établissements publics et secteur privé devraient suivre le mouvement, promettent les syndicats. Même si le rejet par les centrales syndicales de la réforme des caisses de retraite est loin de faire consensus, la grogne sociale est palpable. La dégradation du pouvoir d’achat des salariés à cause des hausses successives des prix et la paralysie du dialogue social, sont venus à bout de la patience des syndicats.
Particulièrement remontés contre le gouvernement Benkirane, les dirigeants syndicaux font assumer à l’exécutif la détérioration de la paix sociale. Une menace à laquelle le porte-parole du gouvernement Mustapha El Khalfi, rétorque que c’est la grève générale qui risque de porter atteinte à la paix sociale, dont la préservation est une responsabilité collective.
Et c’est ainsi depuis plus de deux ans. Les positions figées des deux camps montrent que les préoccupations populaires ne figurent pas dans leurs priorités. Feignant d’ignorer que tout le monde se trouve dans la même barque, les uns et les autres préfèrent se cantonner dans des passes d’armes interminables plutôt que de ramer ensemble dans la direction la plus appropriée.