La dette publique de la France a franchi un nouveau cap, atteignant 3.303 milliards d’euros au troisième trimestre 2024, soit 113,7 % du produit intérieur brut (PIB), contre 112,2 % fin juin dernier, selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE).
Cette hausse de 71,7 milliards d’euros s’inscrit dans un contexte marqué par les départs en vacances et les tractations politiques pour la formation du gouvernement Bayrou.
Pour mesurer l’ampleur de cette évolution, il suffit de rappeler qu’en 2000, la dette française s’élevait à 870 milliards d’euros, avant de dépasser les 2.000 milliards en 2016. La situation actuelle soulève de nouvelles inquiétudes sur la gestion budgétaire du pays, malgré les assurances des experts.
Dorothée Rouzet, cheffe économiste à la direction générale du Trésor français, se veut rassurante en affirmant que «la France n’est pas la Grèce, et notre dette se place bien sur les marchés». Cependant, elle souligne «le risque d’un déclin progressif, alimenté par une perte de compétitivité vis-à-vis de nos voisins européens, dont certains reviennent plus rapidement à des niveaux de déficit conformes aux critères de Maastricht».
Christian Parisot, économiste chez Aurel BCG, met en garde contre une éventuelle défiance de la part des partenaires européens de la France, rappelant que des crises de confiance, comme celle qu’a connue la dette anglaise, peuvent survenir brutalement, prévenant que «sur le marché obligataire, rien n’est jamais acquis».
Si la France parvient encore à attirer des investisseurs, grâce notamment à un excès d’épargne au niveau européen, les usages de la dette, comme son emploi pour financer les retraites plutôt que la croissance, suscitent des interrogations. Une gestion plus stratégique s’impose pour éviter que la dette ne devienne un frein à long terme, suggère Parisot.