Meta devant la justice américaine pour abus de position dominante

Le géant technologique Meta, maison mère de Facebook, Instagram et WhatsApp, comparaît dès ce lundi 14 avril, devant un tribunal fédéral de Washington pour un procès antitrust historique. 

Les autorités américaines soupçonnent le groupe Meta d’avoir étouffé la concurrence en rachetant ses deux principales filiales, Instagram (2012) et WhatsApp (2014). La Federal Trade Commission (FTC) réclame une scission du groupe, une sanction inédite qui pourrait redéfinir le paysage des réseaux sociaux.

Cette procédure, initiée en 2020 sous l’administration Trump, repose sur une thèse simple : Meta aurait verrouillé son monopole sur les « réseaux sociaux personnels » en neutralisant des rivaux émergents. Des documents internes, dont des courriels du patron du groupe, Mark Zuckerberg, seront au cœur du débat. 

«L’impact potentiel d’Instagram est vraiment effrayant […], nous devrions payer beaucoup», écrivait le PDG de Meta avant le rachat de la plateforme photo pour 1 milliard de dollars, une somme aujourd’hui jugée dérisoire au regard de sa valorisation.

L’affaire survient dans un contexte politique tendu. Zuckerberg a multiplié les gestes envers Donald Trump depuis 2024 : assouplissement de la modération, nominations d’alliés républicains dans l’équipe dirigeante, et donations discrètes. 

Malgré des réunions à la Maison Blanche, l’option d’un règlement à l’amiable semble écartée. « Je serais très surpris qu’un accord soit trouvé», a confié Andrew Ferguson, directeur de la FTC nommé par Trump, au site The Verge.

L’enjeu juridique réside dans la définition du marché concerné. La FTC estime que TikTok ou YouTube, pourtant dominants, ne relèvent pas de la même catégorie qu’Instagram et WhatsApp, centrés sur les échanges interpersonnels. Meta rétorque que cette distinction prouve au contraire la vitalité concurrentielle du secteur : «Ces services innovent pour capter l’attention des utilisateurs», argue sa défense.

Ce procès, prévu pour durer huit semaines, s’inscrit dans une vague de poursuites contre les GAFAM. En 2023, Google a été condamné pour abus sur la recherche en ligne, tandis qu’Apple et Amazon font l’objet de procédures similaires. 

Mais la FTC, fragilisée par des échecs récents, dont le blocage avorté du rachat d’Activision Blizzard par Microsoft, risque de perdre sa crédibilité. Le juge James Boasberg, connu pour sa rigueur, a d’ores et déjà averti que l’agence devra «répondre à des questions difficiles» sur la solidité de ses preuves.

Si la justice donne raison à la FTC, Meta pourrait être contrainte de se séparer de ses applications phares Instagram et WhatsApp qui desservent près de 3,8 milliards d’utilisateurs mondiaux.