Les relations franco-algériennes connaissent une nouvelle tension après la décision d’Alger d’expulser douze agents français, rattachés au ministère de l’Intérieur, accusés d’«activités incompatibles» avec leur statut diplomatique. La France a immédiatement menacé de représailles quitte à faire dérailler la récente détente entre les deux pays.
Dimanche soir, le gouvernement algérien a notifié à Paris le départ sous 48 heures de ces agents, dont les fonctions exactes n’ont pas été précisées, une mesure que le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a qualifiée de «disproportionnée» et «sans lien avec la procédure judiciaire en cours» dans l’affaire d’enlèvement à Paris, du youtubeur algérien, Amir Boukhors, alias Amir DZ . Il a averti que la France répliquerait «immédiatement» si cette décision était maintenue.
Selon des sources diplomatiques, cette expulsion ferait suite à la mise en examen, vendredi 11 avril, de trois ressortissants algériens, dont un employé consulaire, pour enlèvement et séquestration en relation avec une « entreprise terroriste». Ces hommes sont soupçonnés d’avoir participé à l’enlèvement en 2024 d’Amir DZ, un influenceur très critique à l’endroit du régime algérien.
Le ministère algérien des Affaires étrangères a dénoncé samedi une procédure «inadmissible et inqualifiable», jugeant qu’elle porterait «un grand dommage aux relations bilatérales». Une réaction qui contraste avec l’optimisme affiché la semaine dernière par Jean-Noël Barrot, évoquant une «nouvelle phase» après sa rencontre à Alger, avec le président algérien, Abdelmadjid Tebboune.
Fin mars, Emmanuel Macron et Tebboune avaient pourtant acté la fin d’une crise majeure, survenue après des tensions sur les visas et la mémoire coloniale. Cette nouvelle escalade montre la fragilité persistante des relations entre les deux pays, malgré des intérêts économiques et sécuritaires communs.
Si la France procède à des expulsions en miroir, comme elle l’a fait par le passé, le risque d’une nouvelle dégradation de ses rapports avec l’Algérie, est réel.
Les deux capitales cherchent désormais à éviter un point de rupture, alors que des dossiers sensibles (migration, énergie et lutte antiterroriste) nécessitent une coopération étroite.
Les prochaines heures seront déterminantes pour savoir si cette crise peut être contenue ou si elle marquera un nouveau recul dans des relations déjà tumultueuses.