Le président libanais, Joseph Aoun a esquissé cette semaine sa feuille de route pour résoudre l’épineuse question du désarmement du Hezbollah, promettant que 2025 marquerait l’établissement du « monopole étatique des armes ».
Dans des entretiens accordés à Al-Araby Al-Jadid et à Al-Jazira, le chef de l’État libanais a dévoilé une approche prudente mais déterminée pour reprendre le contrôle de l’arsenal détenu par le puissant mouvement chiite libanais pro-iranien.
« Le processus se fera par le dialogue bilatéral, pas par la confrontation », a insisté Joseph Aoun, ancien commandant en chef de l’armée. Le président, qui a fait du désarmement des milices l’une de ses priorités depuis son investiture en janvier dernier, met en garde contre les risques d’une approche brutale : « La paix civile est une ligne rouge que nous ne franchirons pas ».
Cette position reflète la complexité de la tâche. Le Hezbollah, mouvement à la fois politique et militaire, dispose d’un arsenal militaire sophistiqué et jouit d’un important soutien populaire parmi la communauté chiite du Liban. Son désarmement pourrait en effet, comme le craint Aoun, « provoquer une guerre civile » dans un pays encore traumatisé par son long passé conflictuel.
Le dossier se double d’un important volet diplomatique. Les États-Unis, principal allié d’Israël, conditionnent leur aide à la reconstruction des régions dévastées par le récent conflit entre Israël et Hezbollah (septembre-novembre 2024) à la démilitarisation du mouvement. L’Arabie saoudite, de son côté, lie son soutien financier au désarmement du Hezbollah et à des réformes de gouvernance.
Face à ces pressions, le président libanais tente de naviguer entre les exigences internationales et la réalité politique intérieure. « Les solutions imposées de l’extérieur ne fonctionneront pas », affirme-t-il, soulignant la nécessité d’une approche « libanaise » pour résoudre ce problème libanais.
L’annonce du président Aoun intervient alors que le Liban tente péniblement de se relever de multiples crises économique, politique et sécuritaire. Le défi est de taille : convaincre le Hezbollah d’abandonner progressivement ses armes tout en maintenant la stabilité du pays.
Les observateurs notent que le président mise sur son crédit militaire et ses relations avec toutes les composantes de la société libanaise pour mener à bien ce processus. Reste à voir si le dialogue promis pourra aboutir à des résultats concrets, alors que le Hezbollah n’a pas encore réagi publiquement à ces déclarations.