Le secrétaire d’État américain, Marco Rubio, a annoncé mercredi 16 avril, la suppression du service chargé de contrer les manipulations d’information étrangère (Counter Foreign Information Manipulation and Interference), estimant que cette structure constitue une menace pour la liberté d’expression.
Cette décision intervient alors que des experts alertent sur les risques accrus de campagnes de désinformation, notamment en provenance de la Russie et de la Chine.
Marco Rubio a justifié cette fermeture dans un communiqué, par la nécessité de protéger « la liberté d’expression des Américains », accusant l’administration précédente de Joe Biden, d’avoir dépensé « des millions de dollars pour faire taire les voix que ce service était censé défendre », évoquant un coût annuel de plus de 50 millions de dollars pour les contribuables. Les fonds ainsi économisés seront réaffectés à la diffusion d’un « message pro-américain » visant à défendre les libertés, y compris à l’étranger.
Sans citer explicitement Moscou ou Pékin, Rubio a critiqué certaines pratiques en Europe occidentale, où, selon lui, des citoyens pourraient être « arrêtés pendant 60 jours » pour des publications en ligne.
« Si un pays, ou un groupe de pays comme l’UE, s’en prend à des Américains pour leurs propos, cela devient une source d’irritation », a-t-il averti, évoquant notamment les tensions de l’an dernier, entre la Commission européenne et le milliardaire américain, Elon Musk, patron de X (ex-Twitter).
Cette annonce s’inscrit dans un contexte de restrictions budgétaires pour la diplomatie américaine, qui prévoit de réduire de moitié certaines dépenses.
Le service, créé en 2016, sous le nom de Global Engagement Center (GEC), était depuis longtemps critiqué par les républicains, qui avaient bloqué son financement fin 2024. Elon Musk l’avait qualifié de « pire censeur au sein de l’État américain ».
La fermeture du GEC intervient après celle d’une unité du FBI dédiée aux ingérences électorales, également dissoute depuis le retour de Donald Trump au pouvoir. En 2019, un rapport du procureur Robert Mueller avait pourtant confirmé les tentatives d’ingérence russe lors de la présidentielle de 2016, ce que Moscou a toujours nié.
Alors que Marco Rubio doit se rendre à Paris pour des discussions sur le conflit russo-ukrainien, cette décision relance le débat sur l’équilibre entre la lutte contre la désinformation et la protection des libertés.
L’administration Trump affirme vouloir porter ce sujet dans ses discussions avec les alliés européens, au risque d’accentuer les divergences transatlantiques.