La Cour constitutionnelle suspend la Première ministre thaïlandaise Paetongtarn Shinawatra

La Thaïlande replonge dans l’incertitude politique après la suspension par la Cour constitutionnelle, le mardi 1er juillet, de la Première ministre, Paetongtarn Shinawatra de ses fonctions. 

A une majorité de sept voix contre deux, les juges ont ordonné sa mise à l’écart, l’accusant d’avoir enfreint les « standards éthiques » mentionnés dans la Constitution, à la suite de sa gestion controversée d’un différend frontalier avec le Cambodge.

Paetongtarn, 38 ans, plus jeune cheffe de gouvernement de l’histoire du royaume de Thaïlande, a déclaré accepter la décision de la Cour, réaffirmant sa volonté d’agir dans l’intérêt du pays. Toutefois, cette suspension, qui pourrait durer plusieurs mois, fragilise encore un peu plus une dynastie politique déjà sous pression.

Le même jour, un procès pour lèse-majesté s’est ouvert contre son père, le milliardaire Thaksin Shinawatra, ancien Premier ministre et figure tutélaire du clan. Il est accusé d’avoir offensé la monarchie dans une interview accordée en 2015, peu après le coup d’État qui avait renversé sa sœur, Yingluck Shinawatra.

Ces nouvelles secousses judiciaires ravivent les tensions entre les deux camps rivaux qui meublent le paysage politique thaïlandais depuis plus de deux décennies à savoir : le camp conservateur, loyal à la monarchie et à l’armée, et les partisans des Shinawatra. Deux coups d’État, de vastes manifestations, parfois sanglantes et une série de dissolutions de partis politiques témoignent de cette polarisation chronique.

L’an dernier, la Cour Constitutionnelle avait destitué l’ancien Premier ministre, Srettha Thavisin, en vertu du même article sur l’intégrité après des délibérations ayant duré plus de 80 jours.

La suspension de Paetongtarn intervient après la diffusion controversée de son appel téléphonique avec l’ancien Premier ministre cambodgien, Hun Sen. Ses propos, jugés trop conciliants, ont été instrumentalisés par ses adversaires, qui dénoncent un manque d’expérience et de fermeté.

Avec un procès à venir, un cabinet remanié sans elle, et une pression judiciaire accrue sur le patriarche Thaksin, l’avenir politique du clan des Shinawatra apparaît plus incertain que jamais.