La chaîne Tv Qatarie «Al Jazeera» a annoncé dimanche 10 août, la mort de cinq de ses journalistes, dont son brillant correspondant à Gaza, Anas al-Sharif, dans ce que la chaîne arabe qualifie de «frappe ciblée» de l’armée israélienne contre leur tente près de l’hôpital al-Shifa, à Gaza-ville.
L’armée israélienne a confirmé avoir visé Anas al-Sharif, le présentant comme un soi-disant «terroriste» du Hamas «se faisant passer pour un journaliste» et l’accuse de diriger une cellule impliquée dans des tirs de roquettes. Al Jazeera rejette fermement ces accusations, décrivant al-Sharif, 28 ans, comme « l’un des journalistes les plus courageux de Gaza » et dénonçant une « tentative désespérée de faire taire des voix ».
Parmi les autres victimes des tirs israéliens, figurent le correspondant Mohammed Qreiqeh et les cameramen Ibrahim Zaher, Mohammed Noufal et Moamen Aliwa.
Dans ses derniers messages sur X, al-Sharif évoquait des bombardements « intenses » et diffusait des images des frappes de l’armée sioniste. Un texte posthume qu’il avait rédigé en avril a été publié lundi, appelant à «ne pas oublier Gaza».
Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) accuse Israël de mener une « campagne de diffamation » contre le reporter, et souligne que le fait de «qualifier des journalistes de militants sans preuves crédibles» menace gravement la liberté de la presse. L’organisation rappelle que les journalistes sont des personnes civiles et doivent être protégées.
Ce drame intervient dans un contexte de tensions persistantes entre Al Jazeera et le gouvernement israélien, qui a interdit en mai 2024, la diffusion de la chaîne sur son territoire.
Depuis le début de la guerre à Gaza suite à l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023 contre l’Etat hébreu, la presse internationale n’a qu’un accès restreint à Gaza, sous contrôle étroit des soldats du Tsahal. Selon Reporters sans frontières (RSF), près de 200 journalistes ont été tués en 20 mois à Gaza, dont au moins 45 durant l’exercice de leur métier.