Israël mènerait ces derniers jours, des discussions avec le Soudan du Sud pour accueillir des Palestiniens de Gaza, dans le cadre d’un projet visant à encourager une émigration massive depuis l’enclave palestinienne, ravagée par 22 mois de guerre contre le Hamas. Six sources informées ont confirmé à l’agence Associated Press l’existence de tels pourparlers, sans donner de précision sur leur avancement.
Le Premier ministre, Benyamin Netanyahou présente cette initiative comme une « migration volontaire », en droite ligne avec la vision du président américain Donald Trump. Des propositions similaires auraient été explorées sans succès, avec d’autres pays africains, dont le Soudan et la Somalie.
Les Palestiniens, de nombreuses ONG et une large partie de la communauté internationale y voient une expulsion forcée des Palestiniens de leur terre natale, en violation du droit international.
Le ministère israélien des Affaires étrangères et son homologue sud-soudanais n’ont pas commenté ces rumeurs et Washington a refusé de s’exprimer sur des discussions diplomatiques privées.
Joe Szlavik, lobbyiste américain travaillant pour le Sud-Soudan, affirme avoir été informé de ces échanges et évoque la préparation d’une visite israélienne à Juba, pour étudier la création de camps d’accueil temporaires financés par Israël. Edmund Yakani, dirigeant d’une organisation civile sud-soudanaise, dit avoir été consulté à ce sujet.
Quatre autres responsables ont confirmé sous couvert de l’anonymat, ces discussions. Deux d’entre eux, égyptiens, assurent que Le Caire tente depuis des mois de dissuader le Sud-Soudan, redoutant que ce plan ne crée un précédent et n’accroisse la pression migratoire sur sa propre frontière avec Gaza.
Si certains Palestiniens souhaitent fuir temporairement la guerre et la crise alimentaire, beaucoup rejettent toute réinstallation permanente dans un pays tierce, craignant une annexion israélienne de Gaza et la fin du droit des Palestiniens au retour.
Le Soudan du Sud, en proie à une instabilité chronique, peine déjà à nourrir ses 11 millions d’habitants après une guerre civile ayant causé près de 400.000 morts. Les tensions communautaires pourraient compliquer l’accueil de populations arabes et musulmanes, dans un pays marqué par un long conflit avec les nord-Soudanais.
« Le Sud-Soudan ne doit pas devenir un dépotoir humain, ni un instrument diplomatique », prévient Yakani, appelant à la transparence sur l’identité et la durée de séjour des éventuels déplacés.