La Commission européenne prépare une nouvelle proposition visant à imposer des droits de douane ciblés sur le pétrole russe continuant d’arriver dans l’Union européenne via la Hongrie et la Slovaquie. Cette initiative, distincte du 19e paquet de sanctions en discussion, vise à augmenter le coût de ces importations pour inciter les deux pays à diversifier leurs sources d’approvisionnement.
« Nous présenterons en temps voulu ce que nous avons à l’esprit », a confirmé Olof Gill, porte-parole adjoint de l’exécutif européen, sans dévoiler le calendrier précis. Alors que l’UE a décrété une interdiction totale des importations de pétrole russe en 2022, Budapest et Bratislava bénéficient d’une exemption leur permettant de continuer à recevoir environ 100 000 barils par jour via l’oléoduc Druzhba – une dérogation qualifiée de temporaire mais jamais révisée depuis.
La mesure s’inscrit dans un contexte de pression accrue, notamment de la part des États-Unis. Lors de son discours à l’Assemblée générale des Nations Unies, le président Donald Trump a fustigé les pays de l’OTAN n’ayant pas mis fin à leurs achats d’énergie russe, les qualifiant de « bailleurs de fonds indirects » de la guerre. En réponse, la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a reconnu la nécessité d’accélérer le désengagement : « Nous avons déjà réduit massivement les importations gazières et banni le charbon russe, mais des flux pétroliers persistent. Nous devons être plus rapides : chaque paiement remplit le trésor de guerre de Poutine ».
Contrairement aux sanctions, qui requièrent l’unanimité des 27 États membres, les droits de douane peuvent être adoptés à la majorité qualifiée, évitant ainsi un veto hongrois ou slovaque. Les deux pays opposent une résistance farouche, invoquant des contraintes infrastructurelles et des risques pour leur sécurité énergétique. Le ministre hongrois des Affaires étrangères, Péter Szijjártó, a réaffirmé que sans les approvisionnements russes, il serait « impossible d’assurer l’approvisionnement du pays ».
Cette initiative illustre la volonté de Bruxelles de combler les failles persistantes du régime de sanctions, alors que l’UE s’est fixé pour objectif une sortie totale des combustibles fossiles russes d’ici 2027.

