La France maintient discrètement ses échanges d’uranium vers la Russie, en dépit des sanctions imposées à Moscou

Alors que l’Union européenne (UE) affirme vouloir réduire radicalement sa dépendance énergétique de la Russie depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, des transferts d’uranium entre la France et la Russie poursuivent discrètement. 

Selon des informations révélées par le quotidien « Le Parisien », Greenpeace dit avoir observé plusieurs de ces opérations ces derniers mois, notamment au port de Dunkerque, relançant le débat sur la cohérence de la stratégie énergétique européenne.

D’après l’organisation écologiste, au moins une dizaine de conteneurs chargés d’uranium appauvri provenant de centrales françaises auraient été expédiés vers la Russie afin d’y être retraités. 

Le cargo Mikhail Dudin, déjà repéré lors d’opérations analogues, aurait une nouvelle fois assuré le transport de l’uranium, confirmant la persistance des échanges entre les deux pays dans le domaine nucléaire.

Au cœur de ces mouvements figure l’entreprise publique « Électricité de France » (EDF), qui continue de confier à Moscou le retraitement d’uranium dit « recyclable ». Une fois réenrichi, ce matériau est renvoyé en France pour intégrer de nouveaux cycles de production dans les centrales nucléaires française. 

Si cette pratique reste conforme aux cadres réglementaires, elle est en contradiction avec la volonté persistante de Bruxelles de vouloir «mettre fin aux importations d’énergie russe ». Le secteur nucléaire, exclu des sanctions, demeure l’un des rares domaines où la Russie conserve un levier stratégique majeur via sa société d’État Rosatom.

Les acteurs de la filière nucléaire française défendent la nécessité technique de ces transferts, soulignant que la Russie dispose des infrastructures industrielles indispensables à certaines étapes du retraitement, encore inaccessibles ailleurs. Selon eux, il s’agit d’un maillon essentiel du maintien des capacités françaises et de la valorisation de matières stratégiques.

En revanche, les ONG dénoncent une contradiction flagrante entre les agissements français et les engagements européens. Greenpeace accuse Paris de permettre à Moscou de continuer à profiter du marché énergétique continental malgré le conflit ukrainien.

La France, pour sa part, affirme que ces échanges ne concernent pas de combustible neuf ni de matériaux à usage militaire. Mais ce commerce, discret et régulier, illustre les limites d’une rupture énergétique européenne encore inachevée, dans un secteur où la dépendance technologique reste difficile à surmonter.