Assiste-t-on à un nouvel épisode de tension dans les relations maroco-espagnoles ? A l’approche des élections anticipées du 20 novembre en Espagne, il devient clair que le Parti Populaire joue une nouvelle fois la carte Maroc. Comme par le passé, il devrait probablement s’en servir pour faire pencher le score électoral de son côté. Ceci, en accusant ses adversaires socialistes du PSOE de laxisme avec le Maroc. Et ce ne sont pas les prétextes qui manquent: Immigration clandestine, Sebta et Melillia, communauté marocaine installée dans le pays ibérique… le PP ne recule devant rien pour empoisonner les relations entre les deux royaumes voisins. Surfant sur l’angoisse suscitée par la crise économique qui frappe de plein fouet l’Espagne, le Parti de Mariano Rajoy va jusqu’à impliquer médias et services des renseignements espagnols. Le CNI, il y a quelques jours, avait ainsi généreusement tendu la perche au parti de droite, à coups de « révélations » au quotidien El Pais, via son correspondant , l’inénarrable Ignacio Cembrero. Selon ces notes confidentielles qui n’ont aps été publiées, le Maroc mènerait des actions destinées à influencer les quelque 1,2 million de musulmans vivant en Espagne, dont une majorité est constituée de marocains. Rabat est pointé du doigt dans un prétendu flux financier auquel l’Arabie Saoudite, le Qatar, le Kuwait, les Emirats et la Libye seraient également associés. Dans quel but ? Empêcher l’intégration des musulmans dans leur pays d’accueil, prétend le CNI. Si les cours d’arabe et de religion destinés aux enfants d’immigrés empêchent leur insertion en Espagne, ce raisonnement serait tout autant recevable dans l’autre sens. L’Espagne entretient en effet tout un réseau de centres culturels à travers le monde, y compris au Maroc. Autre indice de la cabale anti-marocaine, le PP a annoncé une prochaine visite de son dirigeant Mariano Rajoy à Sebta et Melillia. Une visite dont le caractère provocateur n’échappe à personne, quand on sait que le statut des deux villes, situées pourtant sur la rive sud de la méditerranée, en terre africaine, sert de thermomètre dans les relations entre le Maroc et l’Espagne.Mais le dernier impair est certainement le plus incroyable. Avec encore une fois la complaisance, voire la complicité de certains médias, des sites Internet ont répandu la rumeur selon laquelle le Maroc aurait réclamé à l’Espagne le partage des recettes du site touristique de l’Alhambra. Cette grossière bourde a été rendue possible en se référant à l’Andalousie, et plus particulièrement à Grenade comme patrimoine historique commun entre les deux pays. Le plus étonnant, c’est pourquoi les médias espagnols donnent crédit à ce genre d’histoires invraisemblables uniquement lorsqu’il s’agit du Maroc ?