Conséquence du blocage depuis plus de deux mois dans la constitution d’une majorité, un conseil de gouvernement exceptionnel se réunit ce jeudi pour adopter deux décrets permettant la continuité du service public, faute de l’adoption du budget 2017 dans les délais, alors que les perspectives d’un déblocage paraissent encore incertaines.
Les deux textes portent l’un, sur l’affectation des crédits nécessaires au fonctionnement des Administrations publiques, l’autre sur le recouvrement de certaines ressources au titre de l’exercice budgétaire 2017. Ceci, en attendant la formation d’un gouvernement qui se fait attendre depuis le 7 octobre, date des législatives qui ont placé le PJD en tête, tout en contraignant Abdelilah Benkirane, désigné chef du gouvernement par le roi, à chercher des alliances pour constituer une majorité.
Or, près de 70 jours se sont écoulés et Benkirane n’arrive pas à trouver la bonne formule. Le blocage tient à l’incapacité du chef du gouvernement désigné à trouver un terrain d’entente avec Aziz Akhannouch. Le président du RNI, dont l’entrée au gouvernement est de nature à assurer une majorité confortable à Benkirane, exige toutefois que ce dernier se sépare de Hamid Chabat de l’Istiqlal. Ce que Benkirane refuse jusqu’à présent.
Un nouveau développement est venu brouiller la vision sur les tractations en cours. En se rendant mercredi au siège de l’USFP, où il a rencontré Driss Lachgar, Aziz Akhannouch envoie probablement un nouveau message à Benkirane. En se tournant vers le parti de la Rose après avoir verrouillé une alliance avec l’UC, le patron du RNI veut probablement montrer qu’il a plus d’un tour dans son sac. Mais cela n’avance pas les choses pour autant.
Et cela confirme que l’incapacité de Benkirane à trouver un terrain d’entente avec les partis n’est pas due à des divergences sur les programmes politiques. Le blocage tourne plutôt autour du nombre et du poids des départements ministériels, voire à une question d’ego. Ce qui a été dénoncé par le roi Mohammed VI, lorsqu’il a appelé les partis à se départir de la mentalité du partage du butin électoral dans l’intérêt du pays et du fonctionnement des structures de l’Etat.
Aujourd’hui, après plus de deux mois de blocage, les voix se font de plus en plus entendre pour demander l’intervention du roi. Outre les attributions constitutionnelles qui lui permettent de choisir une autre personnalité au sein du parti arrivé en tête des élections, le souverain jouit du respect unanime des partis politiques l’autorisant à intervenir par un arbitrage de nature à débloquer la situation sans avoir à recourir à de nouvelles et coûteuses élections.