Moncef Belkhayat, le degré zéro en politique

 Alors que le Maroc est à moins de trois mois d’élections législatives probablement parmi les plus importantes de son histoire, il est au sein du gouvernement El Fassi un ministre qui joue un rôle « pédagogique » crucial pour l’ensemble de la communauté nationale : Moncef Belkhayat, titulaire du portefeuille de la jeunesse et des sports,est en effet  un exemple parfait de ce que l’on ne veut plus jamais voir au sein de l’executif. Belkhayat est une personnalité qui « divise », comme l’on dit dans le jargon des communicants, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il a divisé l’opinion durant son mandat à la tête de son ministère. Mais, surtout, Il représente ce que le Marocains rejettent désormais en bloc : une certaine conception « Bling Bling » de la vie et des choses, une volonté de passer en force au mépris de toutes les règles, et un affranchissement des réalités qui confine à l’obsession compulsive. Depuis quelques jours, une énième « affaire » vient pourrir la petite vie numérique tranquille du ministre Belkhayat, dans laquelle de « méchants » journalistes (forcément de gauche), ont publié un vrai-faux contrat de location d’un véhicule de grande remise (une Audi A8), mettant en lumière une pratique devenue courante dans les ministères : le recours aux locations longues durées au lieu d’acquérir des véhicules pour les ministres. Si la pratique peut être  discutée (elle présente des avantages, notamment en termes d’entretien, etc.), la véritable question que l’on devrait se poser, et que nul ne soulève, serait de se demander pourquoi  Moncef Belkhayat voulait précisément ce modèle de véhicule ? En effet, une Audi A6, nettement moins chère (de l’ordre de 40%), présente les mêmes qualités de confort et de sécurité, voire de prestige ministérielle, tout comme une Mercedes Classe E ou une BMW Série 5. Mais dans le cas d’espèce, Belkhayat a insisté pour que son véhicule soit « exceptionnel », à la mesure de son égo démesuré et de l’océan de certitudes dans lequel il évolue. Car le Belkhayat ne doute de  rien, passe encore que son engagement au RNI soit une vocation « tardive », et que son ministère passe des marchés avec  des membres de sa famille , l’essentiel est que Belkhayat puisse rouler dans une voiture de banquier suisse. En réalité, ce comportement de parvenu reflète surtout la frange dont  Belkhayat est devenu le représentant le plus visible : une génération de « nouveaux riches », qui confondent service public et service 5 étoiles,  qui continuent à parader avec leurs montres en « Pink » Gold  et leurs automobiles de luxe, ne tirant aucun enseignement du « Pintemps arabe ». Tout ceci pourrait à la rigueur être excusé si une certaine préoccupation du service public subsistait encore dans les esprits de cette génération « Bling Bling », et que de réformes avaient été mises en place. En guise de lot de consolation, il ne reste qu’à se remémorer que Belkhayat n’aura certainement pas le culot de se présenter aux élections législatives malgré les rumeurs faisant état de sa probable candidature à Casablanca , et ce  au risque d’être battu à plate couture .  De toutes les manières, que peut on attendre d’un ministre qui a la vanité de mettre son propre nom en mot clé dans ses « alertes Google », passant son temps à tenter de « désamorcer » les articles, tels que celui-ci, qui parlent de lui ?

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